Redéfinir le private equity : comment les fonds de continuation bouleversent le marché des buyouts
Nos prévisions montrent que le marché des fonds de continuation, également connus sous le nom de placements secondaires initiés par des GP, devrait plus que quadrupler au cours de la prochaine décennie, sous l’effet combiné de la demande du côté des acheteurs et de moteurs de croissance structurels du côté de l’offre.
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L’essentiel :
- Perspectives de croissance du marché. Selon notre scénario de référence, la taille du marché des fonds de continuation va quadrupler, passant d’environ 70 milliards de dollars à plus de 300 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, ce qui renforce son rôle de moteur clé de création de valeur et de génération de liquidités dans le domaine du private equity.
- Facteurs structurels et cycliques. La forte croissance des fonds de continuation reflète un profond changement structurel. Nos recherches indiquent que plus de 80 % du volume des transactions de continuation en 2024 était dû à une croissance structurelle et non à des effets cycliques.
- Les investisseurs séduits. La demande de fonds de continuation est stimulée par la perspective de risques moindres et de rendements plus prévisibles, d’une liquidité plus rapide (périodes de détention plus courtes d’environ 25 %) et de frais moins élevés (de moitié environ) par rapport aux buyouts traditionnels.
- Le bouleversement réside dans la question de savoir qui conserve la propriété. Le bouleversement le plus important ne réside pas dans le concept de détention plus longue des fonds de private equity, mais plutôt dans la question de savoir qui conserve la propriété.
- Déplacement des flux de transactions. Les fonds de continuation supplantent partiellement les opérations de buyout secondaires (dans lesquelles un gérant de fonds vend à un autre) ; nous estimons que cela remplacera à son tour environ 8 % du total des flux de transactions de rachats de moyennes et grandes entreprises au cours des 10 prochaines années. En réponse, les grands gérants de buyouts et les gérants secondaires traditionnels lancent des fonds de continuation dédiés, fournissant des capitaux supplémentaires pour alimenter la croissance.
Autrefois un outil plus exotique dans la panoplie plus large du private eqauity, les fonds de continuation s’affirment comme l’une des évolutions les plus dynamiques du marché et suscitent un vif débat.
Un nombre croissant de gérants de private equity voient le potentiel de ces transactions pour poursuivre la transformation – et réaliser le plein potentiel de création de valeur – des sociétés clés du portefeuille sans changement perturbateur de propriétaire. Ce faisant, ils s’associent à des souscripteurs principaux (nouveaux investisseurs) pour injecter de nouveaux capitaux et offrir une option de liquidité précieuse et plus rapide aux investisseurs existants.
Ainsi, les fonds de continuation catalysent une reconfiguration fondamentale de la façon dont la valeur est générée et réalisée dans l’investissement en buyouts. Les fonds de continuation déplacent l’influence en amont vers les gérants spécialistes du lower mid-market, qui peuvent garder le contrôle de leurs actifs clés plus longtemps, apporter une plus grande continuité et de nouveaux capitaux aux sociétés du portefeuille pour accélérer leur croissance, et offrir des conditions plus attrayantes aux souscripteurs principaux et aux autres investisseurs nouveaux et existants (rolling), par rapport aux ventes traditionnelles de fonds à fonds (également appelées rachats secondaires).
Expansion du marché
En 2024, la valeur de sortie des opérations de buyouts et de capital de croissance des fonds de continuation a atteint près de 45 milliards de dollars, soit environ 7 % des distributions. Si l’on tient compte des nouveaux capitaux injectés dans de telles transactions, ainsi que des investissements de continuation hors buyouts et capital de croissance (y compris le capital-risque, la dette privée, les infrastructures et autres), le volume total des transactions a établi un nouveau record de plus de 70 milliards de dollars.
Certains observateurs affirment que la croissance des fonds de continuation est simplement cyclique, sous l’effet d’une diminution temporaire des voies de sortie traditionnelles dans un contexte macroéconomique et de marché difficile. Notre analyse remet en question cette théorie.
Nos calculs, qui comparent les volumes combinés de buyouts secondaires et d’investissements de continuation au fil du temps avec le volume attendu si le marché avait conservé son taux de croissance moyen à long terme, montrent que l’impulsion cyclique dont bénéficient les fonds de continuation a contribué à environ 17 % du volume des transactions en 2024. Dans l’ensemble, la croissance annuelle composée de ces opérations entre 2013 et 2024 s’élève à 27 %.
Ces chiffres montrent que les fonds de continuation ne sont pas simplement un palliatif, mais une force perturbatrice qui remodèle l’architecture du private equity – et nous nous attendons à ce que leur trajectoire de croissance se poursuive.
La majeure partie de la croissance des fonds de continuation est structurelle et non cyclique
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne peuvent pas se répéter. Pitchbook, Preqin, Jefferies, Greenhill, Evercore, Lazard, PJT, Schroders Capital, 2025. Les distributions de buyoyts sont estimées sur la base des valeurs annuelles moyennes de Pitchbook et Preqin. La valeur de sortie des investissements de continuation est estimée sur la base des valeurs annuelles moyennes déclarées par Jefferies, Greenhill, Evercore, Lazard et PJT, y compris uniquement les stratégies de buyout et de croissance à l’échelle mondiale, hors opérations structurées et engagements non financés dans des fonds de continuation. Composante cyclique calculée en corrigeant les valeurs historiques pour tenir compte de l’excédent des buyouts et des investissements de continuation au-dessus de la moyenne historique des buyouts secondaires de 36 %. Les prévisions et les estimations peuvent ne pas se réaliser. Les opinions exprimées sont celles de Schroders Capital et peuvent ne pas se vérifier.
Sur quoi repose la croissance des fonds de continuation ?
À notre avis, cinq facteurs structurels clés stimulent la croissance de ce segment, reflétant l’effet combiné de l’évolution du marché à long terme et de la dynamique à court terme :
1. Le maintien de la participation des fonds de private equity au-delà de la période de détention initiale est un moyen établi de stimuler la transformation de l’entreprise
Le concept selon lequel les entreprises restent dans l’écosystème du private equity après la période de détention initiale n’est pas nouveau. Depuis 2006, les opérations de fonds à fonds – également appelées buyouts secondaires, dans le cadre desquelles un gérant de fonds vend une société de son portefeuille à un autre – représentent en moyenne 38 % du nombre des transactions et 36 % de la valeur des transactions.
2. Souvent, la poursuite de la transformation d’une entreprise détenue par un fonds de private equity ne nécessite pas de nouveau propriétaire
Notre analyse d’environ 2 600 opérations de buyout réalisées dans la base de données de Schroders Capital montre qu’environ 31 % de toutes les sociétés du portefeuille sont des candidats potentiels à un investissement de continuation. Cela reflète la proportion d’opérations dont le profil de rendement est semblable à celui des investissements de continuation et qui ont généré un multiple de plus de 2 fois le capital investi (rendement cible minimal typique pour les buyouts secondaires et les investissements de continuation).
3. Les investissements de continuation sont un moyen rentable de poursuivre la transformation de l’entreprise
Les données sur les prix du marché et l’analyse réalisée par Preqin suggèrent que les frais de gestion des fonds de continuation représentent environ la moitié de ceux des buyouts traditionnels. L’intéressement aux plus-values est généralement structuré en paliers, ce qui signifie que la charge globale des frais est moins élevée. Sur la base des volumes de 2024, les économies totales des investisseurs sur une période de détention de quatre ans par rapport aux buyouts traditionnels s’élèveraient à environ 3,8 milliards de dollars.
4. Les investissements de continuation présentent des rendements plus prévisibles et génèrent des liquidités plus rapidement
Rendements plus prévisibles : le profil de rendement des investissements de continuation a toujours été statistiquement plus stable que celui des buyouts traditionnels. Étant donné que les gérants restent propriétaires de leurs entreprises prospères sans changement de contrôle, ces investissements atténuent naturellement les risques associés à l’investissement dans des sociétés inconnues.
Liquidité plus rapide : les fonds de continuation ont tendance à fournir des liquidités plus rapidement que les autres investissements en buyouts. En moyenne, leur période de détention est plus courte de 1,5 an (moins de trois ans au lieu de plus de quatre ans), ce qui se traduit par un délai de liquidité 25 % plus court pour les investisseurs.
5. Le ralentissement cyclique des sorties accroît la disponibilité des opportunités de continuation
Comme évoqué plus haut, l’impulsion cyclique dont bénéficient les fonds de continuation a contribué à environ 17 % du volume des transactions en 2024.
La croissance explosive est vouée à se poursuivre : le marché des fonds de continuation est appelé à quadrupler en taille
La trajectoire de croissance récente du marché des fonds de continuation ne donne aucun signe de ralentissement. Sur la base des projections prudentes de Schroders Capital, fondées sur la pénétration croissante des investissements de continuation, la croissance de la valeur liquidative plus large du private equity (valeur liquidative – la valeur totale des actifs détenus, moins les passifs) et la reprise globale anticipée des distributions, nous anticipons une multiplication par plus de quatre des investissements de continuation au cours de la prochaine décennie.
Plus précisément, dans notre scénario de référence, nous prévoyons que le volume total des investissements de continuation passera d’un peu plus de 70 milliards de dollars en 2024 à plus de 300 milliards de dollars d’ici 2034.
La taille du marché des fonds de continuation devrait plus que quadrupler d’ici 2034
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne peuvent pas se répéter. Source : Pitchbook, Preqin, Jefferies, Greenhill, Evercore, Lazard, PJT, Schroders Capital, 2025. Comprend les stratégies de buyout et de croissance à l’échelle mondiale, hors transactions structurées et engagements non financés dans des fonds de continuation. Croissance des investissements de continuation en % des distributions de buyouts modélisées à l’aide d’une fonction sigmoïde avec un point de saturation à 13 % en 2045. Les barres grises indiquent l’écart entre la valeur déclarée des transactions secondaires et la valeur de sortie attribuée aux investissements de continuation (composée de capitaux frais et d’investissements de continuation pour des stratégies autres que de buyout), dont la moyenne a été appliquée aux prévisions pour générer une valeur prévisionnelle totale. Hypothèses : 50 % de la croissance de la valeur liquidative prévue par Preqin jusqu’en 2029 (50 % du TCAC par la suite), rendements linéaires des taux de distribution à 20 % en 2027. Les prévisions et les estimations peuvent ne pas se réaliser. Les opinions exprimées sont celles de Schroders Capital et peuvent ne pas se vérifier.
Dans un scénario plus prudent de croissance du marché des fonds de continuation, nous prévoyons néanmoins que la taille totale du marché triplera au cours de la prochaine décennie, tandis que selon des hypothèses plus optimistes, la croissance du marché pourrait être multipliée par six. Voir l’article complet pour plus de détails sur les prévisions basses, de référence et hautes.
Bouleverser le modèle des buyouts
L’essor des fonds de continuation ne modifie pas seulement les modes de sortie (pour les investisseurs qui choisissent de se retirer) : il restructure activement le modèle même des buyouts sur le marché du private equity. Comme nous l’évoquons plus haut, le bouleversement le plus profond ne réside pas dans le concept de détention plus longue par les fonds de private equity. Il réside plutôt dans la question de savoir qui conserve la propriété.
Au lieu de la vente d’un gérant à un autre (généralement un gérant plus important), un plus grand nombre d’actifs est conservé par le même gérant, soutenu par un fonds de continuation et, généralement, par un nouvel afflux de capitaux. Cela permet de poursuivre la mise en œuvre d’un plan de transformation et de croissance éprouvé de l’entreprise.
Ce déplacement des flux de transactions bouleverse une partie du marché des buyouts, en particulier pour les rachats de moyennes et grandes capitalisations. Au cours des deux dernières décennies, ces stratégies ont été de plus en plus tributaires des transactions de fonds à fonds comme principale source d’opérations, représentant plus de la moitié de leurs volumes de nouvelles transactions (voir le graphique ci-dessous).
Sur la base de nos prévisions de croissance du marché des fonds de continuation, nous estimons qu’environ 8 % de l’ensemble du flux de transactions de rachat de moyennes et grandes capitalisations pourraient être supplantés au cours des 10 prochaines années, par rapport à ce que serait autrement la situation. Voir l’article complet pour en savoir plus sur cette analyse.
Les rachats de moyennes et grandes capitalisations sont plus dépendants des buyouts secondaires
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne peuvent pas se répéter. Source : Unquote, Schroders Capital, 2025.1Transactions portant sur une valeur d’entreprise de < 100 millions d’euros 2Transactions portant sur une valeur d’entreprise de > = 100 millions d’euros et < 1 000 millions d’euros 3Transactions portant sur une valeur d’entreprise de > = 1 000 millions d’euros. Remarque : basé sur la valeur de la transaction ; comprend toutes les transactions de buyout et de croissance réalisées à l’échelle mondiale. Hors sorties financées par le capital-risque. Les chiffres globaux sont des moyennes pondérées en fonction de la valeur pour la période 2015-2024.
Un tel changement aura une incidence considérable sur les grands gérants de buyouts et les fonds secondaires, sachant que les grandes opérations secondaires se concentrent généralement sur les grands fonds de buyout. Ces derniers en ont conscience, et de plus en plus de fonds de ce type élaborent désormais des stratégies d’investissement de continuation dédiées. Cette tendance alimente à son tour un nouvel élan dans la disponibilité de capitaux pour des investissements de continuation, ce qui apportera une impulsion supplémentaire aux volumes de transactions en 2025 et au-delà.
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