IN FOCUS6-8 min read

Les "Big Tech" contre le marché : ce que vous devez savoir

Les grandes valeurs technologiques ont été le moteur de la reprise du marché mondial dans le sillage du Covid-19. La dominance des FAMAG peut-elle se poursuivre ?

02/07/2020
bigtech

Authors

David Brett
Éditorialiste

Le 8 juin, le S&P 500 des actions américaines a récupéré l’ensemble de ses pertes de 2020 dues à la crise du Covid-19. Les FAMAG (Facebook, Amazon, Microsoft, Apple et Alphabet (société mère de Google)) ont mené cette reprise.

Même avant la pandémie, elles étaient déjà parmi les plus grandes entreprises du monde.

La crise a amplifié la demande de leur technologie qui nous aide à communiquer, éduquer, faire des achats et nous divertir.

Nous voulions comprendre comment et pourquoi ces entreprises sont devenues si dominantes. Nous avons donc demandé des explications à Sean Markowicz, stratégiste de l’équipe Research and Analytics, et à Frank Thormann, gérant de portefeuille.

 

Montée en puissance des grandes entreprises technologiques

Quelle est la taille de ces entreprises ?

Sean Markowicz : « En termes de pondération dans les indices, les grandes valeurs technologiques ont connu une croissance considérable au cours des dernières années. Leur poids combiné dans l’indice S&P 500 des actions américaines, qui était d’environ 8 % en 2015, a plus que doublé. Aujourd’hui, les FAMAG composent 20 % de l’indice en termes de capitalisation boursière.

Cela signifie que ces cinq titres représentent une part plus importante du marché que les cinq plus grandes entreprises au plus fort de la bulle Internet en 1999. »

 

bigtech2

 

Source : Refinitiv Datastream et Schroders. Données au 8 juin 2020

 

Comment ces entreprises sont-elles devenues si dominantes ?

Frank Thormann : « Ces entreprises sont devenues incroyablement novatrices pour faciliter des tâches importantes, comme par exemple faire des achats, collaborer et communiquer.

Les solutions fournies par ces entreprises ont fixé la norme à l’échelle mondiale. Cela s’est traduit par une hausse impressionnante de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices, que la pandémie semble avoir accélérée. »

 

Quelles ont été les performances de leurs titres ?

Sean Markowicz : « Au cours de la crise, ces titres ont surperformé l’indice élargi. Ils ont progressé en moyenne de 18 % cette année, au 8 juin. Amazon et Microsoft sont en tête, avec une hausse de 36 % et 19 % respectivement, alors que le S&P 500 a gagné 0,1 %.

Cependant, il est un peu stérile de comparer la performance des valeurs technologiques à celle de cet indice, car l’indice lui-même est fortement influencé par les valeurs technologiques.

Un meilleur indice de référence serait le S&P 500 équipondéré, qui montre la performance de la société américaine moyenne. Celui-ci a chuté de 2,2 % cette année.

Cela signifie que les plus grandes valeurs surperforment les petites. »

 

Les grandes entreprises technologiques ont bien mieux résisté que le reste du marché

 

bigtech3

 

Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs et peuvent ne pas être reproduites. Source : Refinitiv Datastream et Schroders. Données au 8 juin 2020.

Source : Refinitiv Datastream et Schroders. Données au 8 juin 2020

 

Les risques posés par les grandes entreprises technologiques

Les sociétés technologiques deviennent-elles trop puissantes ?

Sean Markowicz : « La concentration du pouvoir de marché n’est pas l’apanage des entreprises technologiques, cela se produit dans d’autres secteurs.

Par exemple, en 2000, les deux principaux opérateurs de télécommunications contrôlaient environ 30 % des ventes de l’industrie, aujourd’hui ils en contrôlent 70 %.

Si vous prenez le secteur américain des compagnies aériennes, les quatre premières compagnies détenaient environ 50 % du marché du transport aérien intérieur en 1997 alors qu’elles en possèdent 70 % aujourd’hui, selon les régulateurs de l’industrie.

La concurrence est aujourd’hui beaucoup plus faible que par le passé. »

 

Quels sont les dangers de cette dominance ?

Sean Markowicz : « La concentration du pouvoir est sur le radar du régulateur, ce qui risque de freiner en partie la dynamique des grandes entreprises technologiques.

Par exemple, dans le passé, des mesures ont été prises à l’encontre de l’opérateur de télécommunications AT&T, de l’éditeur de logiciels Microsoft et de la société de technologie IBM. De ce fait, la valorisation et le cours de ces titres ont chuté entre le moment où les poursuites ont été engagées et celui où une décision a été prononcée. Il s’en est suivi une baisse de la croissance des ventes.

Les entreprises technologiques ont déjà fait l'objet de nombreuses critiques sur leur comportement anticoncurrentiel, des questions de confidentialité des données aux pratiques commerciales déloyales. Ces problèmes pourraient avoir un impact sur leurs perspectives de croissance.

Ceci est un point à surveiller par les investisseurs. »

 

Une intervention des pouvoirs publics est-elle un risque ?

Frank Thormann : « Les entreprises technologiques ont pu se développer sans être inquiétées grâce à leurs innovations et aux fruits de leur propre recherche et développement interne.

Le risque est que les entreprises deviennent si dominantes qu’elles se reposent sur leurs lauriers et que l’innovation future commence à souffrir.

Si c’est le cas, les gouvernements pourraient prendre des mesures pour doper l’esprit de compétition. »

 

Les sociétés technologiques deviennent-elles trop grandes pour faire faillite ?

Sean Markowicz : « La crise a mis en évidence l’importance de ces entreprises. Les restrictions de voyage et les règles de distanciation sociale illustrent notre dépendance aux services fournis par les entreprises technologiques, que ce soit en matière de shopping, de divertissement ou de communication.

Certains estiment que ces entreprises sont si importantes pour notre société qu’elles présentent un risque systémique. C’est là que les régulateurs pourraient intervenir.

À l’heure actuelle, on ne sait pas très bien sous quelle forme. Jusqu'à présent, la seule suggestion a été que les données de ces sociétés deviennent un bien public qui pourrait être distribué entre les concurrents. Cela n’affectera pas toutes les entreprises, mais celles les plus susceptibles d’y perdre seraient Google et Facebook.

Il a également été question de limiter la monétisation des données et les marchés auxquels ces sociétés participent. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ne conserveront pas leurs parts de marché dominantes.

Par exemple, IBM est toujours le plus grand fournisseur d’ordinateurs de bureau. Microsoft est toujours le leader des éditeurs de logiciels.

Il est toujours possible que ces entreprises soient éclipsées, une éventualité que nous devons garder à l’esprit. »

 

Quelles leçons pouvons-nous tirer du passé ?

Sean Markowicz : « Les entreprises dominantes conservent rarement leur position au fil du temps. Selon le Mckinsey Global Institute, la moitié des leaders de marché sortent du top 10 % à chaque cycle économique.

Prenez Nokia et BlackBerry. Nous en avions tous un et pourtant leur part de marché s’est évaporée.

Dans une autre étude réalisée par Research Affiliates, un gestionnaire d'investissement, les données historiques montrent que les entreprises, une fois en position dominante, sous-performent le marché et leur secteur d’activité.

On appelle cela la malédiction du vainqueur. »

 

Pourquoi les grandes entreprises technologiques restent-elles si attractives ?

Frank Thormann : « Il arrive fréquemment que les entreprises deviennent si dominantes et rentables qu’elles en deviennent suffisantes. Elles pensent qu’elles sont infaillibles et qu’elles domineront le marché éternellement, ce qui entraîne une baisse des activités de recherche et de développement, et de l’innovation.

Nous devons analyser la rapidité à laquelle ces entreprises continuent d’innover. Une façon de le faire est de surveiller leurs dépenses de recherche et de développement.

Tant que ces entreprises ne deviennent pas satisfaites d'elles-mêmes et qu’elles parviennent à rendre nos vies plus productives, il leur reste un avenir. Mais ce n’est pas certain. »

 

Comment valorisez-vous ces valeurs technologiques ?

Frank Thormann : « Les investisseurs peuvent utiliser une variété de mesures. Ils peuvent comparer la valorisation de la société par rapport à sa capacité bénéficiaire actuelle et par rapport à sa capacité bénéficiaire perçue future.

La génération de trésorerie est un élément encore plus important. Ces sociétés technologiques génèrent d’énormes volumes de trésorerie, ce qui les rend plus attractives par rapport aux autres entreprises. Vous pouvez donc comparer la trésorerie disponible aujourd'hui par rapport aux flux futurs.

Le dernier critère est la recherche et le développement. Les investisseurs peuvent examiner les dépenses de recherche et de développement cumulées qui ont été engagées par ces sociétés. Ce total comparé à la capitalisation boursière de l’entreprise est un autre moyen d’évaluer la valorisation du marché.

Il n’y a pas de réponse générale. »

 

Quel effet pourrait avoir la taille des grandes valeurs technologies sur les portefeuilles ?

Frank Thormann : « Plus ces entreprises sont grandes, plus le cours de leur titre influence la direction du marché dans son ensemble.

Un investisseur ayant acheté un fonds passif qui suit la performance du S&P 500 doit garder cela à l’esprit.

Un cinquième de son investissement est par définition investi dans ces cinq sociétés. »

 

 

Ces informations ne doivent pas être utilisées ni considérées comme une recommandation d’achat ou de vente. En cas de doute quant à vos investissements, veuillez vous adresser à un conseiller financier.

La valeur des investissements et les revenus qui en découlent peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse. Les investisseurs ne sont donc pas assurés de recouvrer l’intégralité des sommes initialement investies. Les performances passées et les fluctuations historiques des marchés ne constituent pas un indicateur fiable des performances futures.

Le contenu de ce site est destiné aux particuliers et aux investisseurs non professionnels.

Ce document exprime les opinions du gérant ou de l'équipe citée et ne représente pas nécessairement les opinions formulées ou reflétées dans d’autres supports de communication, présentations de stratégies ou de fonds de Schroders.

Ce document n’est destiné qu’à des fins d’information et ne constitue nullement une publication à caractère promotionnel. Il ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente d’un instrument financier quelconque. Il n’y a pas lieu de considérer le présent document comme contenant des recommandations en matière comptable, juridique ou fiscale, ou d’investissements. Schroders considère que les informations contenues dans ce document sont fiables, mais n’en garantit ni l’exhaustivité ni l’exactitude. Nous déclinons toute responsabilité pour toute opinion erronée ou pour toute appréciation erronée des faits. Aucun investissement et/ou aucune décision d’ordre stratégique ne doit se fonder sur les opinions et les informations contenues dans ce document.

Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi.

Les prévisions contenues dans le présent document résultent de modèles statistiques, fondés sur un certain nombre d'hypothèses.

Elles sont soumises à un degré élevé d'incertitude concernant l'évolution de certains facteurs économiques et de marché susceptibles d'affecter la performance future réelle. Les prévisions sont fournies à titre d'information à la date d'aujourd'hui. Nos hypothèses peuvent changer sensiblement au gré de l'évolution possible des hypothèses sous-jacentes notamment, entre autres, l'évolution des conditions économiques et de marché. Nous ne sommes tenus à l'obligation de vous communiquer des mises à jour ou des modifications de ces prévisions au fur et à mesure de l'évolution des conditions économiques, des marchés, de nos modèles ou d'autres facteurs.

Ce document est produit par Schroder Investment Management (Europe) S.A., succursale française, 1, rue Euler, 75008 Paris, France.

Authors

David Brett
Éditorialiste

Thèmes

Points de vues
David Brett
actions
Contacter Schroders

Schroders est un acteur majeur de la gestion d'actifs pour compte de tiers, spécialisé dans la gestion active sur l'ensemble des classes d'actifs et des zones géographiques.

Schroder International Selection Fund est dénommé Schroder ISF dans ce site.

Nous aimerions vous annoncer que, à partir du 27 juin 2018, Schroder Investment Management (Luxembourg) S.A. (« SIM Lux ») change de nom et devient Schroder Investment Management (Europe) S.A. (« SIM Europe »).

Informations fournies à titre d’illustration uniquement et ne constituant pas une recommandation d’investissement dans les titres/secteurs/pays susmentionnés.

Ce nouveau nom reflète la place grandissante que tient le Luxembourg en tant que centre d'affaires européen pour Schroders, ainsi que les nouveaux agréments obtenus qui nous permettent de continuer de commercialiser et d’offrir à nos clients de l’EEE des stratégies d’investissement développées à l’international.

Veuillez noter que l’entité juridique du Luxembourg, avec laquelle les clients, distributeurs et autres tiers opèrent contractuellement reste inchangée et que tous les contrats en cours conclus auprès de SIM Lux demeurent pleinement applicables.

Pour toute question portant sur cette note, veuillez écrire à simeucsm@schroders.com.