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Actionnariat actif : enjeux sociaux de la saison des votes 2023

De la diversité des lieux de travail à l’octroi d’un congé de maladie rémunéré, les questions sociales ont fait l’objet de résolutions d’actionnaires lors des assemblées annuelles de cette année. Notre équipe d’actionnariat actif revient sur certaines décisions de vote de Schroders.

16/08/2023
3D reset / Regime Shift

Authors

Katie Frame
Active Ownership Manager ESG
Lucy Larner
Engagement Associate

Le vote sur les résolutions d’actionnaires est un pilier central de notre stratégie d’engagement, car il peut nous donner l’occasion d’exprimer nos positions sur des questions clés aux équipes dirigeantes des entreprises.

De janvier à mai de cette année, les résolutions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ont joué un rôle de premier plan dans les assemblées générales annuelles des entreprises, avec une hausse de 3 % par rapport à 2022 dans les entreprises du Russell 3000. Nous avons expliqué comment nous avons pris certaines de nos décisions de vote dans notre blog sur la saison des votes (uniquement en anglais).

Les résolutions d’actionnaires sur des sujets sociaux, allant de la diversité des lieux de travail à l’inclusion en passant par les droits de l’homme, continuent de croître en popularité et ont représenté cette année 35 % des propositions d’actionnaires des entreprises du Russell 3000. Nous discutons ci-dessous de quelques tendances et réflexions sur le vote par procuration en matière de questions sociales à l’échelle mondiale.

Propositions en matière de diversité et d’inclusion

Nous continuons d’exercer nos droits de vote lorsque nous identifions un manque de diversité ethnique ou de mixité au sein du conseil d’administration. Au niveau mondial, depuis le début de l’année, nous avons voté contre les administrateurs de plus de 400 entreprises en raison des inquiétudes entourant la diversité des genres.

Au premier semestre de cette année, nous avons voté contre les administrateurs de plus de 50 entreprises en raison d’un manque de diversité ethnique au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en Australie. Au Royaume-Uni, nous avons voté contre les administrateurs de cinq entreprises en raison d’un manque de mixité au sein du comité exécutif.

Les entreprises ont reçu de nombreuses résolutions d’actionnaires leur demandant de divulguer la diversité de leurs directions et de leurs effectifs, ainsi que de rendre compte de l’efficacité de leurs initiatives. Dans notre blog, nous avons expliqué pourquoi nous soutenions une résolution demandant à Las Vegas Sands de fournir une matrice indiquant le sexe et la race/l'origine ethnique de chaque administrateur ou candidat, car cela permet aux investisseurs d'évaluer plus précisément la diversité parmi les membres du conseil d'administration. La résolution a obtenu un soutien d’environ 18 %.

En plus de fournir une meilleure communication, un effort croissant des résolutions d’actionnaires cette année a porté sur l’efficacité des initiatives en matière de diversité et d’inclusion. Une résolution présentée a Berkshire Hathaway, par exemple, demandait à l’entreprise de rendre compte de l’efficacité de ses efforts en matière de diversité et d’inclusion, notamment en matière d’embauche, de rétention et de promotion de talents diversifiés. Nous avons expliqué notre décision de voter pour cette résolution, qui a également obtenu un soutien d’environ 21 %.

La création d’un environnement de travail diversifié et inclusif reste une priorité pour de nombreux actionnaires. Cela est particulièrement vrai lorsqu’une entreprise a fait l’objet d’allégations sérieuses concernant sa culture d’entreprise, ce qui, dans certains cas, a aidé les résolutions à obtenir un soutien majoritaire. Une résolution demandant à Wells Fargo de signaler le harcèlement et la discrimination sur ses lieux de travail, par exemple, a obtenu un soutien d’environ 52 %.

Propositions relatives au coût de la vie

Au Royaume-Uni, les niveaux élevés d’inflation et leur impact sur les employés à bas salaires et sur les consommateurs ont frappé les esprits. Compte tenu de ces pressions actuelles, nous souhaitons que toute augmentation de salaire accordée aux cadres supérieurs soit égale ou inférieure à celle de l’ensemble de la main-d’œuvre.

Nous nous attendons également à ce que les conseils d’administration soient conscients des pressions potentielles auxquelles sont confrontés l’ensemble de la main-d’œuvre et d’autres parties prenantes lors de l’examen du montant total des rémunérations des administrateurs exécutifs. Nous encourageons les entreprises à être aussi transparentes que possible et à expliquer comment elles soutiennent leur main-d’œuvre et tiennent compte à la fois des salaires et des avantages supplémentaires, dans le cadre de leurs stratégies de gestion du capital humain.

Les performances des entreprises en matière de coût de la vie ont influencé nos décisions de vote sur les rémunérations des dirigeants de deux sociétés britanniques. À titre d’exemple, nous avons voté contre le rapport sur la rémunération au sein de Hilton Food Group, car nous craignions que la rémunération des dirigeants soit supérieure à celle de l’ensemble de l’effectif. Chez Tesco, nous avons également voté contre le rapport sur la rémunération, car le directeur général a bénéficié d’une indemnité de déplacement importante qui, selon nous, n’était pas appropriée compte tenu des difficultés rencontrées par les employés de l’entreprise.

Le resserrement du marché du travail au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs incite fortement à la compréhension des projets des entreprises avant d’investir dans leur main-d’œuvre afin de promouvoir la compétitivité et la productivité sur le long terme. Bien que de nombreuses entreprises aient évoqué une hausse des salaires dans leurs réponses aux résolutions d’actionnaires, il s’agit d’un sujet dynamique qui nécessite un engagement réfléchi pour comprendre comment une entreprise mesure un salaire de subsistance, et si ses formules de rémunération totale et ses conditions de travail au cours du cycle sont propices à assurer un niveau de vie sûr.

Propositions en matière de gestion du capital humain

Les sujets liés à la gestion du capital humain ont été au cœur des nombreuses résolutions d’actionnaires aux États-Unis cette année, les entreprises ayant fait l’objet d’une attention particulière en matière de sécurité au travail, de respect des droits des salariés à la syndicalisation et d’octroi d’avantages tels que les congés de maladie rémunérés.

Nous avons expliqué sur notre blog (uniquement en anglais) nos décisions de vote en faveur des résolutions relatives au respect de la liberté d’association chez Starbucks, aux conditions de travail dans les entrepôts chez Amazon et aux congés maladie rémunérés chez CVS Health. Ces résolutions ont reçu un soutien respectif d’environ 52 %, d’environ 35 % et d’environ 26 %  de la part des actionnaires.

Les résolutions des actionnaires qui ont répondu aux risques juridiques spécifiques auxquels sont confrontées les entreprises en matière de droits et de sécurité des employés ont eu tendance à recevoir davantage de soutien de la part des actionnaires.

C’est le cas chez Starbucks, où le proposant a cité des plaintes déposées par le National Labour Relations Board visant la réaction de l’entreprise aux activités de syndicalisation, et chez Dollar General, où le proposant a cité l’amende de plus de 12 millions de dollars que l’entreprise a reçue pour violations répétées de la sécurité au travail (cette résolution a reçu un soutien d’environ 68 %).

Ces deux résolutions ont appelé à un audit indépendant des politiques de ces entreprises en matière de syndicalisation et de sécurité des travailleurs afin de fournir aux actionnaires une vision plus objective de la manière dont elles gèrent les risques associés. Compte tenu de la gravité des problèmes soulevés et des risques juridiques et financiers qu’ils posent aux entreprises, nous nous réjouissons d’examiner les résultats des audits et de continuer à dialoguer avec les entreprises, si besoin est.

Intensification de nos engagements

Cette année, nous avons co-déposé une résolution d’actionnaires chez CVS Health, distributeur pharmaceutique américain, demandant à la société d’adopter et de divulguer une politique de rémunération des congés maladie pour l’ensemble de ses employés, y compris les employés à temps partiel et les travailleurs autonomes. Cela fait suite à des discussions avec l’entreprise où nous avons indiqué que l’absence de politique de rémunération des congés maladie, travailleurs à temps partiel compris, présentait des risques imminents pour l’entreprise en ce qui concerne sa capacité à recruter et à fidéliser ses employés, à encourager la productivité du personnel, ainsi que pour la réputation externe de l’entreprise. Comme décrit dans notre Programme d’engagement, le dépôt de résolutions d’actionnaires est l’une des méthodes que nous utilisons pour intensifier nos engagements et utiliser notre influence en vue de provoquer le changement.

Propositions en matière de droits humains

Les propositions relatives aux droits humains ont également été mises en avant dans de nombreuses circulaires de sollicitation de procuration cette année. Ces résolutions portaient sur les politiques des entreprises en matière de processus de due diligence, qui se concentrent sur les questions relatives aux droits humains dans leurs activités et leurs chaînes d’approvisionnement, ainsi que sur l’impact humain des produits/services sur les consommateurs. Dans le Blog sur la saison des procurations, nous avons expliqué comment nous avons pris nos décisions de soutien des résolutions concernant la publicité ciblée de Meta (qui a reçu un soutien d’environ 17 %), la sécurité en ligne chez Alphabet (qui a reçu un soutien d’environ 18 %) et la due diligence chez TJX et Caterpillar (qui ont reçu un soutien respectif d’environ 26 % et environ 14 %). Nous avons également expliqué notre décision de voter contre une résolution sur les rapports en matière de droits humains chez Carlsberg (qui a reçu environ 4 % de soutien).

Ces sujets restent importants pour les investisseurs, notamment en ce qui concerne leurs positions dans le secteur technologique. Plus tôt cette année, Meta a reçu une amende de 390 millions d’euros des régulateurs de l’UE pour sa collecte de données personnelles utilisées pour de la publicité ciblée. Les sanctions financières se concrétisant de plus en plus, nous pensons que les entreprises devraient continuer à rendre compte de leur traitement des questions liées aux droits humains.

Quelle est la prochaine étape  ?

Les résolutions des actionnaires peuvent être un moyen efficace d’inscrire les questions ESG à l’ordre du jour des conseils d’administration et de la direction des entreprises, notamment dans une optique d’intensification. Le travail ne s’arrête cependant pas là, et il est essentiel que le dialogue se poursuive au-delà de l’assemblée générale annuelle.

Nous pensons que le dialogue n’est pas une activité saisonnière, et que des discussions cohérentes et évolutives sont essentielles pour obtenir des résultats. Tout au long de l’année, nous continuerons de contacter les entreprises dans lesquelles nous investissons sur les questions ESG les plus importantes selon nous. Nous continuerons également d’inciter au changement chaque fois que nous le jugerons nécessaire. Ces actions de dialogue nous éclaireront quant à notre compréhension des risques des entreprises et quant à leur manière de les traiter, tout en influant sur nos décisions de vote au cours de l’année à venir.

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