Les baisses de taux de la Fed risquent de faire grimper l’inflation en 2026
Nous craignons qu’un assouplissement de la politique monétaire, compte tenu du contexte macroéconomique, puisse s’avérer contre-productif
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La décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de poursuivre la baisse de ses taux d’intérêt, alors même que l’économie réelle demeure proche du plein emploi, accroît le risque d’ancrage d’une inflation plus élevée. Nous anticipons désormais deux nouvelles réductions de 25 points de base d’ici la fin de l’année 2025. Toutefois, il est peu probable que les taux reculent davantage par la suite, car la vigueur de la croissance devrait soutenir la reprise de l’activité sur le marché du travail et alimenter une remontée de l’inflation. Par conséquent, nous continuons de considérer que l’anticipation par les marchés d’un taux terminal inférieur à 3 % demeure beaucoup trop optimiste.
Nous sommes surpris que la Fed entame un assouplissement à ce stade. Dans notre dernière mise à jour des prévisions mondiales (en anglais), nous avons estimé que la dissipation des incertitudes sur les droits de douane et la politique budgétaire favoriserait un rebond de l’activité et des embauches, incitant la Fed à la prudence.
Certes, l'économie s'est globalement renforcée (la Fed a d’ailleurs révisé à la hausse ses propres anticipations de croissance), mais la progression de la masse salariale a ralenti au cours des derniers mois. Selon notre analyse, ce fléchissement résulte à la fois de décalages dans les dynamiques du marché du travail et d’un durcissement de la politique migratoire américaine. De son côté, le président Powell a adopté une lecture différente à Jackson Hole, mettant en avant que « l’équilibre des risques semble évoluer ».
Lors de sa conférence de presse en septembre, il a ajouté que, si l’inflation « demeure relativement élevée », la croissance s’est « modérée » et « les créations d’emplois ont ralenti ». Ces déclarations, conjuguées aux dernières projections économiques publiées par la Fed (« dot plot »), nous conduisent à anticiper deux nouvelles baisses de taux de 25 points de base lors des réunions à venir, portant ainsi le taux à 3,75 %.
Nous demeurons néanmoins préoccupés par le risque qu’un assouplissement monétaire à ce stade du cycle s’avère contre-productif. En effet, le contexte économique actuel ne justifie guère un nouveau soutien : les marchés actions sont à des niveaux records, les spreads de crédit restent très serrés, et l’économie américaine évolue déjà au-dessus de son potentiel, alors même que la politique budgétaire s’apprête à relancer davantage la demande dans les prochains mois. Dans ces conditions, une nouvelle baisse des taux risque davantage d’alimenter l’inflation que de soutenir la croissance réelle. Nous n’avons relevé que marginalement notre prévision de croissance du PIB américain pour 2026 — de 2,2 % à 2,3 % — mais revu nettement à la hausse notre anticipation d’inflation, désormais à 3,3 %, bien au-delà du consensus.
À plus long terme, le risque d’un dérapage inflationniste demeure important. Les contraintes structurelles, telles que le recul de la population active, pèsent désormais sur le potentiel de croissance de l’économie américaine. Dans ce contexte, la probabilité d’un marché du travail plus tendu, d’une accélération des salaires et d’une inflation durablement élevée augmente. Cette situation risque d’exercer une pression supplémentaire sur les obligations à long terme, alors même que la trajectoire de la dette suscite déjà des inquiétudes.
Enfin, à l’échelle mondiale, le renforcement de la demande américaine devrait être un facteur favorable. Avec la diminution des risques commerciaux et l’amélioration des indicateurs manufacturiers mondiaux, nous avons révisé à la hausse nos prévisions de croissance hors des États-Unis. Cependant, contrairement au marché américain, l’impact à l’international devrait davantage profiter à la croissance réelle qu’à l’inflation. Ironiquement, malgré les efforts de l’administration Trump pour relocaliser la demande, le reste du monde pourrait sortir grand bénéficiaire de la relance américaine.
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