COP15 : un témoignage de première main et nos trois principaux points d’attention
Le plus grand sommet de l'histoire sur la biodiversité a donné lieu à un nouvel accord sur la nature. Un certain nombre d'experts de Schroders étaient présents à Montréal pour l'événement.
Authors
Les gros titres que nous avons pu lire après la COP15 synthétisent les principales conclusions du sommet. Mais lorsqu’on est assis dans l’obscurité des salles de conférence et que l’on flâne autour des stands des participants, l’expérience prend une autre dimension.
L’issue de la COP15 devrait inciter les régulateurs financiers à s'asseoir et écouter. L'accord international sur la nature est un signal que la communauté financière ne peut ignorer. Mais, pour être honnête, le texte convenu n'est pas l’élément le plus important ni le seul point à retenir.
Le texte complet est disponible ici (uniquement en anglais). Catherine Macaulay, analyste en investissement durable au sein de notre équipe, qui suit les évolutions depuis Londres, l'a résumé ici.
L’objectif « 30x30 » est le pilier central de cet accord. Il décrit l’engagement des pays à protéger 30 % des terres et des ressources en eau d'ici 2030.
Certains dirigeants mondiaux l’ont décrit comme un « accord de Paris » sur la biodiversité, avec une ambition d’un autre niveau. Les négociateurs ont assurément obtenu un accord fort qui devrait maintenir la dynamique dans ce domaine. Ces questions ont déjà fait l’objet d’une attention sociale et politique renforcée ces dernières années.
Mais je pense que le message le plus important résidait dans l'événement lui-même. Près de 25 000 personnes se sont rendues à Montréal pour discuter de la biodiversité et encourager l'action. C'est peut-être moins que lors de la COP27 axée sur le climat à Sharm El-Sheikh cette année, mais il s'agit de la conférence sur la biodiversité la plus fréquentée de l'histoire, et ce, dans une large mesure.
Plusieurs personnes de Schroders ont assisté à la COP15, notamment Marina Severinovsky, Sarah Woodfield, Whitney Sweeney et Andrew Dreaneen (ci-dessus de gauche à droite).
La COP15 s’est déroulée comme si deux conférences avaient eu lieu dans un même bâtiment. Une conférence a été organisée entre les délégués politiques, débattant de la formulation du projet de texte.
L'autre s’est tenue entre les groupes de la société civile, les pays et les entreprises qui ont discuté de leurs objectifs et des progrès qu'ils ont accomplis.
COP15 : nos principaux points d’attention
1. Le changement pourrait s’opérer du bas vers le haut plutôt que du haut vers le bas
Nous sommes devenus fidèles au principe selon lequel « le changement commence par le sommet », selon lequel un accord mondial façonne les politiques régionales et nationales, qui suscitent le changement au sein des entreprises et l'attention des investisseurs.
Lors de récentes conférences sur le climat, le schéma inverse — caractérisé par une plus grande ambition de la société civile et du secteur privé que des dirigeants mondiaux — semble se produire concernant la biodiversité. Les entreprises ont été largement représentées à Montréal et ont activement appelé à une politique plus claire et à plus de transparence. L'UE, par exemple, est allée bien plus loin que n’importe quel accord mondial avec sa réglementation sur les chaînes d'approvisionnement excluant la déforestation.
Plus de 300 entreprises mondiales, dont Schroders, représentant plus de 1500 milliards de dollars de revenus combinés, ont soutenu la campagne « Make it Mandatory » demandant que la communication d’informations sur la biodiversité devienne obligatoire. Plus de 100 institutions financières, dont Schroders encore une fois, représentant 19 000 milliards de dollars d'actifs, se sont jointes à l’initiative« Finance for Biodiversity Pledge ».
2. Une action plus ciblée en matière de biodiversité pour plus de clarté
On a beaucoup parlé de l’approche « nature positive » ou « d'action urgente pour faire face à la crise de la biodiversité ». Cela ne représente pas une action claire par rapport à l’objectif de « réduire les émissions de carbone ».
La nature et la biodiversité sont en effet des termes génériques désignant un large éventail d'actifs et d'avantages naturels, dont beaucoup s'épuisent rapidement, et qui nécessitent tous un plan d'action spécifique (par exemple, mettre fin à la déforestation liée aux matières premières, ce à quoi nous sommes engagés dans l'ensemble de nos activités).
À l'avenir, la discussion sur la biodiversité va devoir se concentrer sur des aspects spécifiques de cet enjeu, tout en assurant une évaluation et une mesure quantitative plus claires des performances des différents entreprises, pays ou portefeuilles.
3. La valeur des accords internationaux réside dans l'action concrète qui en résulte
Avec le recul, l'Accord de Paris marque un tournant car il a incité les gouvernements nationaux à agir. Il ne s'agissait pas tant de la formulation de l'accord lui-même, en premier lieu. Au moment de sa signature, à peine une poignée de pays s'étaient engagés à atteindre l'objectif de zéro émission nette. Depuis, l'action au niveau national a pris de l’ampleur, de sorte que 85-90 % de la production économique mondiale est générée par des pays qui ont pris cet engagement.
Nous serons en mesure de déterminer si l’accord sur la biodiversité aura eu un impact équivalent au cours des prochaines années. Cependant, la nécessité d'une action urgente est mieux comprise que ne l’était le besoin d’agir pour le climat il y a dix ans ou plus. Des initiatives et des politiques climatiques ont été établies pour montrer la voie, ce qui devrait permettre d'accélérer les progrès cette fois-ci.
COP15 : en bref
Les implications les plus directes pour notre activité sont liées au Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD). Il a été présent sur toutes les lèvres et est souvent considéré comme le prolongement direct du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat, l'équivalent climatique qui a travaillé sur les programmes des régulateurs à travers le monde.
Comme je l’ai dit et répété, le risque naturel fait partie intégrante du risque et des performances d'investissement, et il existe une opportunité manifeste d'orienter les flux financiers vers des objectifs positifs pour la nature.
Il semble fort probable que les entreprises, y compris la nôtre, devront se préparer à communiquer des informations relatives à la nature dans les années à venir. C'est une évolution que nous jugeons cruciale et qui provoquera de réels changements.
Ce qui m'a également frappé lors des discussions et des tables rondes que j'ai rejointes, est que le travail que nous avons effectué pour évaluer les risques liés au climat et les travaux en cours pour renforcer cette analyse, l'engagement que nous avons mené auprès des entreprises sur le sujet et nos investissements dans le capital naturel, nous mettent déjà en bonne posture pour agir sur ce qui vient après.
Le capital naturel joue un rôle vital dans notre économie et notre société. Chaque économie et chaque secteur dépend directement ou indirectement de la nature et de ses services. Aucune entreprise ne peut se permettre d'ignorer sa valeur.
Notre Plan pour la nature publié en novembre est une déclaration d'intention pour accélérer la transition vers un avenir positif pour la nature. Nous mettons tout en œuvre pour y parvenir.
S’abonner à nos paroles d’experts
Visitez notre centre de préférences et choisissez les articles que vous souhaitez recevoir.
Réservé exclusivement aux investisseurs et aux conseillers professionnels.
Ce document exprime les opinions du gérant ou de l'équipe citée et ne représente pas nécessairement les opinions formulées ou reflétées dans d’autres supports de communication, présentations de stratégies ou de fonds de Schroders.
Ce document n’est destiné qu’à des fins d’information et ne constitue nullement une publication à caractère promotionnel. Il ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente d’un instrument financier quelconque. Il n’y a pas lieu de considérer le présent document comme contenant des recommandations en matière comptable, juridique ou fiscale, ou d’investissements. Schroders considère que les informations contenues dans ce document sont fiables, mais n’en garantit ni l’exhaustivité ni l’exactitude. Nous déclinons toute responsabilité pour toute opinion erronée ou pour toute appréciation erronée des faits. Aucun investissement et/ou aucune décision d’ordre stratégique ne doit se fonder sur les opinions et les informations contenues dans ce document.
Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi.
Les prévisions contenues dans le présent document résultent de modèles statistiques, fondés sur un certain nombre d'hypothèses.
Elles sont soumises à un degré élevé d'incertitude concernant l'évolution de certains facteurs économiques et de marché susceptibles d'affecter la performance future réelle. Les prévisions sont fournies à titre d'information à la date d'aujourd'hui. Nos hypothèses peuvent changer sensiblement au gré de l'évolution possible des hypothèses sous-jacentes notamment, entre autres, l'évolution des conditions économiques et de marché. Nous ne sommes tenus à l'obligation de vous communiquer des mises à jour ou des modifications de ces prévisions au fur et à mesure de l'évolution des conditions économiques, des marchés, de nos modèles ou d'autres facteurs.
Ce document est produit par Schroder Investment Management (Europe) S.A., succursale française, 1, rue Euler, 75008 Paris, France.
Authors
Thèmes