Dix thèmes pour les marchés actions en 2025 et au-delà
Nous nous intéressons aux bénéficiaires potentiels d'un changement de leadership sur le marché, dans l'hypothèse où les grandes capitalisations technologiques américaines peineraient à maintenir leur surperformance.
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Au cours des deux dernières années, les marchés actions ont fait preuve d'une résilience remarquable, portée en grande partie par la domination des « 7 Magnifiques » (en anglais : Magnificent-7 ou Mag-7). Ces géants technologiques ont su exploiter la vague de l'intelligence artificielle, contribuant largement à la hausse notable de 25 % de l'indice S&P 500 en 2024, avec Nvidia représentant à elle seule près d'un quart de cette progression.
Il est rare de voir des gains annuels consécutifs de plus de 20 %, un phénomène observé seulement trois fois au cours du siècle dernier. Néanmoins, les experts restent optimistes quant à la poursuite de la hausse en 2025, même si elle pourrait être moins prononcée.
Combiner l’analyse quantitative et les perspectives fondamentales pour naviguer dans les perturbations et la volatilité des marchés actions
En ce début de 2025, l'environnement de marché s'annonce plus complexe et volatil. Avec une grande partie du potentiel de croissance du marché américain déjà intégrée dans les valorisations actuelles, le contexte se prête davantage à une sélection rigoureuse des titres. Les investisseurs se tournent désormais vers la diversification géographique et cherchent à saisir des opportunités au-delà des grandes capitalisations.
Nous présentons, ci-dessous, quelques thèmes clés à considérer au fil de 2025. Bien entendu, beaucoup de ces thèmes sont interconnectés, mais la grande question reste de savoir si l'exceptionnalisme américain (idée selon laquelle les États-Unis sont perçus, tant au niveau national qu’international, comme supérieurs aux autres pays) se maintiendra et quelles en seront les conséquences pour les « Sept Magnifiques », le marché dans son ensemble et les opportunités dans d’autres régions.
Nous sommes convaincus qu’une approche combinant analyse quantitative et fondamentale est particulièrement adaptée aux marchés actions d'aujourd'hui. Elle offre un compromis entre les stratégies de gestion passive, sans intervention, et celles plus traditionnelles de gestion active. L'objectif de ces stratégies d'investissement est de capter la prime de risque des actions tout en limitant la volatilité relative, permettant ainsi d'obtenir des rendements plus réguliers sur l'ensemble du cycle de marché.
L’exceptionnalisme américain est en grande partie alimenté par les « Sept Magnifiques »
Bénéfices sur les 12 prochains mois (indexés à 100)
Sources : LSEG Datastream et Schroders. Données à fin décembre 2024. Les « Sept Magnifiques » désignent Nvidia, Meta Platforms, Amazon, Apple, Alphabet, Microsoft et Tesla. Bénéfices américains en USD et bénéfices pour l'Europe hors UK en EUR.
Toute référence à des régions/pays/secteurs/actions/titres n’est fournie qu’à titre d’illustration et ne constitue pas une recommandation d’achat ou de vente d’instruments financiers ou d’adoption d’une stratégie d’investissement spécifique.
1. S’attendre à une plus grande volatilité des rendements des marchés actions
Nous ne devrions pas être trop confiants face à la résilience des marchés actions observée au cours des deux dernières années. De nombreuses bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours, et certains signes d'exubérance se manifestent. Cela accroît le risque de turbulences plus importantes à venir, avec plusieurs catalyseurs possibles, notamment la perspective d'une guerre commerciale mondiale et le retour des justiciers obligataires (ou bond vigilantes en anglais) après des décennies de calme.
Bien que la situation macroéconomique et géopolitique actuelle soit exceptionnellement incertaine et son évolution difficile à prévoir, une question plus pressante pour nous, en tant qu'investisseurs axés sur l'analyse fondamentale, est la possibilité d'un changement de dynamique du marché, s'éloignant des thèmes dominants de 2023 et 2024.
2. La concentration du marché américain semble bien ancrée, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose
Le niveau élevé actuel de concentration du marché aux États-Unis n’est pas inhabituel, que ce soit par rapport aux normes historiques de long terme ou par rapport aux comparaisons mondiales. Si les portefeuilles peuvent être excessivement concentrés du point de vue du risque, il n’en va pas nécessairement de même pour les indices. Ce qui devrait compter le plus pour les investisseurs, c’est l’erreur de valorisation plutôt que la concentration elle-même.
Sur cette base, nous ne voyons pas de preuves solides qu’une bulle se soit formée au sein des grandes capitalisations des principaux indices. Même si la surperformance des grandes valeurs deviendra de plus en plus difficile à maintenir au même rythme, un marché concentré semble prêt à persister pour l'instant. Toutefois, cela n’exclut pas une rotation du leadership sur le marché.
3. Un défi attend les investisseurs misant sur l'IA
L'intelligence artificielle s'est récemment imposée dans le quotidien, promettant des gains de productivité considérables grâce à l'IA générative. Cela a incité les entreprises à projeter environ 1 000 milliards de dollars d'investissements dans les prochaines années. Cependant, il reste à savoir si ces investissements seront réellement rentables, car les avis divergent encore, et se fondent sur des hypothèses très incertaines.
Les comparaisons avec d’autres inventions telles qu’Internet peuvent sembler exagérées. Dès le départ, Internet a permis de proposer des alternatives moins coûteuses à des solutions plus onéreuses. À l'inverse, l'IA requiert encore des investissements lourds, et rien ne garantit que les coûts associés diminuent suffisamment pour rendre l'automatisation des tâches rentable. Certes, la productivité et les profits devraient, à long terme, dépasser ce qu'ils seraient sans IA, mais nous ne savons tout simplement pas encore dans quelle mesure et sur quelle période cela se manifestera.
Nous aurons besoin de voir plus d’études de cas concrètes d’applications d’IA améliorant la productivité avant de pouvoir évaluer de manière fiable son impact positif. Pour l'instant, il est possible que nous soyons proches d'un pic d'attentes trop élevées.
4. Les actions américaines devraient rester dominantes, mais la diversification mondiale devient de plus en plus attrayante
La forte croissance de la productivité aux États-Unis est souvent citée comme le principal moteur de l’exceptionnalisme américain. Les données montrent que le pays s'est démarqué du reste du monde ces dernières décennies, et les prévisions indiquent que cette tendance se maintiendra.
La productivité aux États-Unis a grimpé en flèche par rapport au reste du monde
Production par travailleur, sur la base de 100 en 2008
Sources : LSEG Datastream, Schroders et Oxford Economics. Les données de 2024 à 2050 sont des prévisions. Le G7 comprend le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Toute référence à des régions/pays/secteurs/actions/titres n’est fournie qu’à titre d’illustration et ne constitue pas une recommandation d’achat ou de vente d’instruments financiers ou d’adoption d’une stratégie d’investissement spécifique.
L'argument principal en faveur d'un ajustement de la domination américaine repose sur le fait que les valorisations actuelles des actions américaines paraissent élevées, surtout en comparaison avec d'autres régions et avec leurs propres niveaux historiques, indépendamment de l'effet des « Sept Magnifiques ».
Cependant, la capacité des entreprises américaines à générer des bénéfices substantiels semble justifier leur prime de valorisation, bien que cela n'implique pas que le marché soit sous-évalué. Quoi qu'il en soit, une grande partie des bonnes nouvelles est déjà intégrée dans les cours, et les perspectives d'opportunités attrayantes ailleurs se sont accrues, renforçant ainsi l'argument en faveur de la diversification régionale.
Nous restons optimistes sur le marché américain en adoptant une approche « bottom-up », basée sur l'analyse des fondamentaux des entreprises. Cependant, nous identifions de plus en plus d'opportunités prometteuses en Europe continentale et au Japon.
5. Premier secteur délaissé : les actions « value » (axées sur la valeur)
L'année 2024 a été éprouvante pour les investisseurs axés sur la valeur, en grande partie à cause de la domination des grandes capitalisations américaines. Bien qu'il y ait eu une tendance à privilégier les investissements de qualité, notamment en termes de croissance structurelle, la valeur est restée un critère important, offrant de meilleurs résultats en dehors des États-Unis. Il est important de noter que les actions moins chères ne semblent pas fondamentalement vulnérables.
Un retour à leur décote historique par rapport au marché impliquerait des gains importants pour les investissements axés sur la valeur, surtout si l'on adopte une stratégie qui mise à la fois sur la valeur et la qualité. Nous continuerons à privilégier la recherche de cet équilibre idéal à long terme en identifiant des actions de qualité abordable, grâce à une analyse fondamentale. Cela présente aussi l'avantage d'offrir des bénéfices en termes de diversification, surtout si le marché bascule à nouveau vers l'aversion au risque, en raison du caractère plus défensif de la qualité.
6. Deuxième secteur délaissé : les petites capitalisations
Autrefois, les petites capitalisations étaient prisées par les investisseurs pour leurs perspectives d'expansion et leur dynamisme, souvent perçues comme la relève des grandes entreprises, ou pour leur réactivité aux cycles économiques. Ces arguments paraissent aujourd'hui moins convaincants. Bien que souvent considérées comme « bon marché », les petites entreprises peinent à démontrer un véritable attrait fondamental.
Si l’on examine leur solidité financière, environ trois quarts des petites capitalisations américaines peuvent être considérés comme « à risque » du point de vue du bilan, contre moins de 10 % pour les méga-capitalisations et 17 % pour les grandes capitalisations (d'après les indicateurs propriétaires de Schroders à fin décembre 2024). De plus, la proportion de petites capitalisations américaines à risque a eu tendance à augmenter au fil du temps. Les petites capitalisations européennes sont certes moins endettées que leurs homologues américaines, mais elles font face à une plus grande incertitude économique, indépendamment du risque de bilan.
Les petites entreprises japonaises sont plus attrayantes car elles affichent un endettement beaucoup plus faible et des perspectives relativement stables. Il y a certainement des opportunités à rechercher dans toutes les régions, mais il ne semble pas que nous soyons à l'orée d’un nouveau rallye des petites capitalisations comparable à celui du début des années 2000.
7. Troisième secteur délaissé : les marchés émergents
Les marchés émergents ont continué d’être à la traîne de l’indice MSCI World en 2024, l’indice MSCI Emerging Markets ayant sous-performé de 11,2 %, malgré un fort rebond en Chine (Sources : LSEG Datastream, Schroders). La valorisation des actions chinoises ne nous semble pas particulièrement attrayante, et le risque lié à une gestion économique désordonnée du pays reste présent.
Pour les investisseurs dans les marchés émergents, les questions clés à résoudre sont au nombre de trois : l’ampleur des droits de douane imposés par Trump, la réaction de la Réserve fédérale (Fed) aux données sur l’inflation (et ses implications pour le dollar américain) et la capacité de la Chine à stimuler sa consommation intérieure.
Il est difficile de déterminer dans quelle mesure les prix ont déjà été actualisés, mais nous pensons que les politiques de la Chine seront décevantes, du moins à court terme. Les droits de douane, cependant, pourraient être moins négatifs qu’on ne le craignait à l’origine. Il n'y a pas encore de consensus ou de certitude quant à l'évolution future des décisions de la Fed concernant les taux d'intérêt, ni sur la direction que prendra le dollar américain. Tout cela laisse présager une année plus volatile, mais avec une grande dispersion potentielle entre les pays, ceux soutenus par une demande intérieure plus forte étant plus susceptibles d'être favorisés (par exemple l'Inde). L'année dernière, nous a également appris que la politique et l'économie ont leur importance dans les marchés émergents.
Nous doutons que quiconque ait la capacité de prévoir avec certitude les évolutions politiques et économiques. Par conséquent, nous recommandons plutôt d’adopter une approche axée sur la gestion des risques, en particulier si des opportunités d’actions attrayantes entraînent une surpondération notable sur un marché particulier.
8. Le dollar face à un équilibre délicat : gains à court terme et inquiétudes à long terme
Actuellement, le dollar américain tire parti du fait que la Fed ne semble pas en mesure de baisser significativement les taux d'intérêt. Beaucoup d'analystes anticipent que les politiques de Donald Trump entraîneront une nouvelle hausse du dollar l'année prochaine, bien qu'il ait souvent appelé à sa baisse.
L'un des principaux arguments en faveur d'un repli du dollar est que le marché a déjà intégré un haut degré de confiance dans le fait que Trump mettra ses promesses à exécution. Une leçon tirée de la première présidence Trump est que les actions ont souvent plus d'impact que les paroles. Bien que nous ne soyons pas entièrement convaincus par cet argument, il est difficile de prédire comment les choses évolueront. En revanche, il semble y avoir plus de clarté sur les difficultés à long terme auxquelles le dollar devra faire face, notamment le risque que les réductions d'impôts aux États-Unis affaiblissent la confiance dans la santé budgétaire du pays.
9. Des avancées concrètes en matière de durabilité malgré des résultats mitigés pour les investisseurs
Les investisseurs axés sur la durabilité ont connu une année 2024 mitigée. La performance des portefeuilles ESG, comparée aux indices de référence standard, a de nouveau été entravée par la domination des grandes capitalisations.
Le retour de bâton contre l’ESG aux États-Unis est bien connu et devrait se poursuivre sous l’administration Trump. L’Europe conserve sa position dominante en tant que plus grand marché pour les fonds durables. Même parmi les partisans de la durabilité, une clarification des processus d'investissement a été nécessaire, en raison d'une surveillance réglementaire accrue et du risque de greenwashing.
Sur une note plus positive, il y a des preuves de progrès continus en termes de fixation d’objectifs d’émissions de carbone par les entreprises. Nous avons constaté un intérêt croissant de la part des clients pour des solutions climatiques concrètes, plutôt que pour la simple fixation d'objectifs par les entreprises. Nous nous attendons également à une augmentation de la demande pour des stratégies liées à la nature à la suite des récentes recommandations de la TNFD (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures). La nature et le climat sont étroitement liés, mais l'absence d'une métrique unifiée pour la biodiversité, contrairement aux émissions de carbone, complique la mise en œuvre et le suivi pour les investisseurs.
Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de compromis à faire entre durabilité et performance d'investissement à long terme, mais les choix sur la façon de mettre en œuvre ces stratégies sont essentiels.
10. Au-delà de 2025 : des taux d'intérêt élevés et une volatilité qui perdurent
Le principal thème à plus long terme, outre la démondialisation, la décarbonation et la démographie, est probablement la perspective d’une baisse des rendements des investissements. Les investisseurs en actions devront s’habituer à des rendements nominaux inférieurs à 5 %, principalement en raison du niveau élevé des valorisations actuelles, en particulier sur le marché américain.
Sur le plan mondial, les actions hors des États-Unis présentent des perspectives de rendements plus intéressantes grâce à des valorisations plus attrayantes et à un éventuel soutien en cas de baisse du dollar américain. Cependant, il semble très probable que le retour à un environnement de taux d'intérêt plus élevés post-Covid, après des années de politique monétaire très accommodante, s'inscrive dans la durée.
Ce contexte mettra probablement à l’épreuve les entreprises mal gérées et nécessitera des ajustements stratégiques de la part des investisseurs. C'est pourquoi nous restons vigilants quant à la solidité des bilans dans nos choix d'investissements.
En résumé
Les perspectives d'investissement restent similaires à celles de l'année dernière : les investisseurs en actions ont connu une période relativement favorable, mais de nombreux risques persistent à l'horizon.
Bien que les valorisations ne soient pas excessives, elles offrent peu de marge pour de mauvaises surprises. Nous pensons que le marché peut s’élargir en offrant plus de diversité, sans pour autant renverser la récente domination des grandes capitalisations de croissance aux États-Unis.
Nous anticipons un intérêt croissant pour la diversification, notamment en faveur des actions aux caractéristiques plus défensives. Maintenir une diversification qui inclut des actions de différentes qualités sera crucial.
Enfin, bien que nous soyons réticents à formuler des conclusions trop générales, nous tenons à souligner la forte probabilité d'une hausse de la volatilité.
Ce texte est un résumé des perspectives des auteurs pour 2025.
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