Keynote Interview : débloquer des rendements significatifs dans le segment des PME
Dans cet article initialement publié par le magazine Private Equity International, Jeremy Knox, Vahit Alili et David Bajada partagent leur conviction que le segment des PME offre actuellement les opportunités de co-investissement les plus intéressantes.
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Comment décririez-vous le volume et la qualité des opportunités de co-investissement que vous observez actuellement ?
Vahit Alili : L'environnement de marché actuel est indéniablement plus complexe que celui des années 2021/2022. Nous observons néanmoins un flux de transactions significatif et convaincant. Deux facteurs principaux expliquent cette situation : premièrement, lorsque les taux d'intérêt ont commencé à augmenter, le flux de transactions a nettement ralenti. Les opportunités que nous identifions étaient surcotées, avec des valorisations qui restaient élevées. Nous avons donc délibérément augmenté nos exigences et ralenti notre rythme d'investissement. Cependant, depuis le deuxième trimestre 2023, les valorisations ont baissé, de manière assez substantielle dans certains secteurs. Dans ce contexte de revalorisation, nous identifions des opportunités attrayantes et avons accéléré notre rythme d'investissement.
En matière de co-investissements, la qualité du flux de transactions est également fonction des capacités transactionnelles. Grâce à notre historique d’investissement dans cette classe d’actifs et à l’organisation sectorielle de notre équipe, nous sommes devenus un partenaire de choix pour les GP à la recherche d'un co-investisseur aguerri capable de co-souscrire à des investissements de manière efficace.
Comment percevez-vous les dynamiques actuelles de l'offre et de la demande en matière de co-investissement ?
Jeremy Knox : Plusieurs facteurs favorisent la disponibilité du co-investissement, notamment l’accès et le coût de la dette, qui ont significativement changé par rapport à des périodes comme 2021 et ont entraîné une plus grande proportion de capitaux propres dans les transactions. Par ailleurs, le ralentissement de la levée de fonds a conduit à une situation où de nombreux GP disposent de moins de capitaux à investir dans les transactions, créant ainsi un vide que le co-investissement est capable de combler.
En outre, nous avons constaté un changement significatif dans l'intensité de la concurrence de la part des autres co-investisseurs. Un certain nombre d'entre eux se sont entièrement retirés du marché en raison de l'effet dénominateur. Cela a créé un environnement réellement favorable pour ceux qui ont des capitaux à engager et qui restent actifs. Nous avons ainsi observé une augmentation substantielle de notre ticket médian au cours des 12 à 18 derniers mois, et nous prévoyons que ces tendances se maintiendront à moyen terme.
Enfin, les GP ont appris à apprécier la rapidité et la forte certitude de la conclusion des transactions de co-investissement, ce qui permet des négociations plus fermes avec les vendeurs et des processus plus efficaces.
Quels segments du marché offrent, selon vous, les opportunités de co-investissement les plus intéressantes ?
David Bajada : Nous estimons que les opportunités les plus prometteuses, et avec le plus haut potentiel, se situent dans le segment des PME, soit des entreprises avec une valeur d'entreprise de l'ordre de 100 millions à 500 millions de dollars. Historiquement, ce segment a été moins dépendant de l'ingénierie financière et de l'expansion des multiples, se concentrant principalement sur la mise en œuvre d'initiatives de création de valeur qui entraînent une véritable transformation de l'entreprise.
Nous pensons que l'environnement de marché actuel, plus complexe, distinguera les acteurs les plus performants en fonction de leur capacité à générer de l'alpha grâce à un véritable changement transformationnel.
Pour mettre en œuvre ces stratégies de création de valeur, il faut bien sûr disposer des compétences adéquates. C'est pourquoi nous travaillons généralement avec des gérants spécialisés plutôt qu'avec des généralistes.
Notre stratégie de co-investissement est cohérente avec notre approche globale en matière d’investissement, où nous privilégions fortement la stratégie Buyout en Occident, tout en la complétant par une stratégie Growth en Asie. En Occident, nous identifions des opportunités de créer des synergies entre des entreprises familiales ou entrepreneuriales, en les transformant par la professionnalisation ou l'amélioration opérationnelle avant de les vendre sur un segment de marché plus concurrentiel. Dans ce contexte, nous observons généralement une concurrence entre les fonds de Private Equity de grande envergure et les acheteurs stratégiques, aboutissant à des valorisations de sortie supérieures à la moyenne.
En revanche, en Asie, nous repérons des entreprises à croissance rapide qui ont le potentiel de devenir des perturbateurs du marché, en capitalisant sur des tendances telles que la substitution des importations - où les marques étrangères sont remplacées par des marques locales - et les défis démographiques.
L'Inde, en particulier, devient une zone d'investissement de plus en plus attrayante dans un contexte où les entreprises restructurent leurs chaînes d'approvisionnement pour s’éloigner de la Chine.
Alors que la démographie est en pleine mutation à travers l’Asie, l'Inde bénéficie toujours d’une population relativement jeune. Son urbanisation rapide et sa digitalisation sont les principaux catalyseurs qui soutiennent la poursuite de sa forte croissance.
Comment envisagez-vous l'évolution des opportunités de co-investissement à mesure que l'environnement économique s'améliore ?
Vahit Alili : Je pense que cela dépendra du segment du marché sur lequel vous vous concentrez. Le champ des opportunités dans le segment des PME est si vaste et le potentiel de transformation des entreprises qui le composent est si grand que nous pensons que nos performances sont quelque peu décorrélées du cycle économique plus large. Cela signifie qu'il existe des opportunités attrayantes à tout moment.
Bien sûr, dans cet environnement économique plus complexe, il est possible d'accéder à de nombreuses entreprises fondamentalement solides à des valorisations plus basses. Cela signifie que lorsque l'environnement macroéconomique général s'améliorera et que les taux d'intérêt se réajusteront potentiellement, de nombreux investissements réalisés dans l'environnement actuel pourraient avoir le potentiel de générer des performances remarquables.
Avez-vous des préférences en termes de secteurs et comment procédez-vous à la due diligence des opportunités de co-investissement ?
VA : Nous privilégions les secteurs non cycliques qui bénéficient de tendances à long terme favorables, d’où l’allocation de 50 à 60 % de nos investissements dans les secteurs de la santé et de la technologie. Nous investissons également dans les secteurs des services aux entreprises, des biens de consommation et de l'industrie, de manière plus sélective, en privilégiant les modèles d'entreprise innovants et soutenus par la technologie, les revenus récurrents et/ou les opportunités de M&A dans des marchés très fragmentés.
Quant à notre approche de la due diligence, elle est adaptée à chaque composante de notre plateforme. Avec 6 000 entreprises en portefeuille dans notre activité de fonds de fonds, nous avons une vision solide des différents secteurs, régions et tendances. Nous entretenons également plus de 400 relations avec des GP à travers le monde, qui peuvent souvent nous faire bénéficier de leur expérience pratique dans un domaine sur lequel nous effectuons une due diligence. Nous avons également accès à l'équipe spécialisée dans les actions cotées de Schroders, qui possède une connaissance approfondie du marché et des grands acteurs stratégiques qui pourraient être des acquéreurs potentiels de nos investissements dans des entreprises privées. Ces informations orientent notre processus de due diligence et de sélection.
De plus, une culture d'apprentissage continu est une composante clé de notre philosophie d'investissement. C'est pourquoi nous avons exclu certains types d'investissements tels que les modèles d'entreprise nécessitant d’importants investissements en capital (capex).
Quel est le secret d'un co-investissement réussi ?
JK : Plusieurs facteurs contribuent à la réussite d'un co-investissement : des relations étroites avec les meilleurs GP entretenues et suivies par des professionnels de l’investissement basés localement et opérant sur les marchés locaux dans le cadre de stratégies mondiales, des processus d'investissement efficaces et transparents avec une capacité d'exécution éprouvée, une expertise sectorielle permettant à toutes les parties d'appréhender rapidement les opportunités et enfin un moteur de sourcing important pour permettre une grande sélectivité, plutôt que d'être contraint de réaliser une transaction simplement parce qu'elle s’est présentée.
Finalement, il y a deux éléments cruciaux dans le co-investissement : la volonté et la capacité d'exécuter. Nous tentons de nous distinguer par notre capacité d'exécution. Les co-investisseurs performants doivent être capables d'exécuter dans des délais serrés et de s’adapter aux évolutions naturelles des transactions en cours. Cette capacité d'exécution est primordiale pour obtenir le prochain appel d'un GP.
Quels avantages le co-investissement peut-il apporter à un portefeuille de LP ?
DB : Le principal avantage d'une stratégie de co-investissement est qu'elle vous donne accès à un large éventail d'opportunités, ce qui vous permet d'être très tactique et flexible dans la manière dont vous construisez votre portefeuille. Elle crée une diversification supplémentaire par rapport à la structure typique d'un fonds primaire en offrant un large éventail de transactions dans différents modèles d'entreprises, secteurs, zones géographiques et GP.
La diversification des GP permet aux gérants de fonds de co-investissement de tirer parti d'un plus large éventail de flux de transactions de haute qualité et de sélectionner les meilleures opportunités à partir de leur large réseau de GP. De plus, il offre aux investisseurs une forme d'investissement plus efficiente en termes de frais. Les transactions de co-investissement sont généralement réalisées sans frais et sans portage, ce qui signifie qu'un seul niveau de frais est facturé à l'investisseur d'un fonds de co-investissement. Les fonds de co-investissement, quant à eux, facturent généralement des frais de gestion et de performance moins élevés, ce qui réduit le poids global des frais et peut améliorer les rendements nets.
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