L’or : une alternative aux actifs « sûrs » libellés en dollars ?
Les fondamentaux à long terme de l’or semblaient déjà positifs. En rejetant clairement le rôle des États-Unis en tant qu’émetteur de monnaie de réserve, le président Trump renforce encore ces tendances.
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Nous pensons depuis quelques temps que les tendances géopolitiques et budgétaires mondiales à long terme sont susceptibles d'entraîner une très forte hausse du cours de l'or.
Sur le plan géopolitique, le monde s'éloigne depuis un certain temps déjà du « consensus de Washington » en faveur de la mondialisation pour s'orienter vers une multipolarité et une rivalité entre grandes puissances. Sur le plan budgétaire, le niveau très élevé de la dette souveraine et les déficits publics insoutenables à long terme (aux États-Unis, dans certaines régions d'Europe et en Chine) constituent un cocktail explosif qui, comme l'histoire nous l'a appris, aboutit généralement à une dépréciation monétaire, à l'inflation et à la domination budgétaire.
Ces tendances avaient déjà le potentiel de créer un scénario selon lequel plusieurs poches de capitaux mondiaux tenteraient simultanément d’acquérir de l’or, considéré comme un métal monétaire « sûr ». Comme nous l’avons souvent répété, le marché de l’or n’est tout simplement pas assez grand pour absorber une telle demande mondiale simultanée sans une hausse considérable des prix. Donald Trump accélère et renforce le potentiel d'une telle demande mondiale simultanée.
Trump : Cycliquement stagflationnaire, structurellement sismique
Le programme protectionniste de Donald Trump est cycliquement stagflationniste selon le scénario de base.
L’équipe économique de Schroders estime que l’impact des droits de douane du « Liberation Day » sur l’inflation américaine sera de 2 %, avec un impact sur la croissance de près de 1 %, sans tenir compte d'éventuelles mesures de rétorsion. Comme le montrent les graphiques 1 et 2 ci-dessous, la stagflation peut être douloureuse pour les actifs à risque, mais a tendance à être très favorable à l’or.
Remarque : MSCI EAEO (Europe, Australasie et Extrême-Orient). Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et peuvent ne pas se répéter.
La situation dans son ensemble pourrait avoir des répercussions beaucoup plus importantes. En proposant des droits de douane élevés en fonction de l’ampleur des déficits (et non des barrières commerciales réelles), Donald Trump montre clairement que les États-Unis ne veulent pas du libre-échange, mais d'un commerce équilibré. Ce rejet des déficits est le rejet le plus catégorique de la mondialisation à ce jour, mais il peut également être considéré comme un rejet de facto du régime monétaire mondial centré sur le dollar américain, dans lequel l'économie mondiale évolue depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971.
Depuis lors, le dollar américain a joué le rôle de principale monnaie de réserve mondiale, et a dominé les réserves officielles ainsi que la finance et le commerce internationaux, bien au-delà de la part des États-Unis dans le PIB mondial. Il a soutenu un système commercial mondial ouvert et fondé sur des règles, complété par des alliances géopolitiques solides.
L’un des effets les plus importants du statu quo du dollar comme monnaie de référence a été le recyclage des recettes en dollars vers des actifs libellés en dollars américains, principalement des bons du Trésor, qui sont considérés comme des actifs « sûrs », et le fondement du système financier mondial. Les avoirs étrangers en actions américaines et en actifs de crédit privé sont également considérables. Ce flux cumulé laisse maintenant aux États-Unis une position nette d’investissement international de 26 000 milliards de dollars, comme l'a lui-même indiqué Donald Trump dans son discours du 2 avril.
Un prix Nobel d’économie n'est pas nécessaire pour comprendre que l'offensive actuelle contre le système commercial mondial pourrait, à son tour, entraîner d’importants flux de rapatriement dans un contexte de remise en question de la « sécurité » des actifs libellés en dollars ou de l’amélioration des perspectives économiques relatives des États-Unis. Compte tenu d'un manque d'alternatives crédibles, il nous semble logique de penser que l'or sera l'un des principaux bénéficiaires de cette tendance au rapatriement.
Jusqu’où l’or pourrait-il aller ?
Depuis son « envolée » début 2024, le prix de l’or a augmenté de plus de 1 000 dollars l’once. L’or a connu une période particulièrement favorable au premier trimestre 2025, avec des prix atteignant 3 150 dollars l’once début avril.
Ce bref exposé n’est pas le lieu pour une analyse détaillée de l’offre et de la demande de l'or, mais il convient de rappeler que, dans un scénario où la demande déjà forte des banques centrales s'accompagne d'une forte demande mondiale en matière d’investissement, les cours de l’or pourraient facilement augmenter considérablement pour générer une augmentation de l’offre recyclée et la destruction de la demande en bijoux nécessaires pour équilibrer le marché. L’offre minière ne peut pas réagir rapidement, même à des prix beaucoup plus élevés. Malgré des prix déjà record, l’offre minière est pratiquement stable par rapport aux niveaux de 2018.
Il y a douze mois, un prix de l’or à 5 000 dollars l’once d'ici la fin de la décennie ne semblait pas un scénario inconcevable. Aujourd'hui, cela semble franchement prudent.
Qu’est-ce que cela signifie pour les actions aurifères ?
Pour les actions aurifères, nous pensons que les prix actuels se traduiront très probablement par une plus forte croissance des bénéfices et des flux de trésorerie disponibles de tous les secteurs du marché boursier dans son ensemble.
Malgré cela, les investisseurs ont largement réagi en liquidant leurs positions passives dans le secteur des actions aurifères à un rythme sans précédent. Au cours du premier trimestre 2025 seulement, 2,4 milliards de dollars ont été retiré des produits passifs. Nous considérons cela comme surprenant et très encourageant du point de vue du sentiment du marché.
Aucune autre matière première majeure n’est proche de son plus haut niveau historique, et encore moins au-dessus. En effet, l’or se redresse en tant qu’actif monétaire, et non en tant que matière première. Le reste du complexe de matières premières (par exemple, le diesel, l’acier, les produits consommables dérivés de combustibles fossiles) est un facteur important des coûts d’exploitation et d’investissement des producteurs d’or. L’inflation des coûts dans ces domaines, et de la main-d’œuvre, est beaucoup plus limitée qu’en 2021/2022. Les prix de l'or atteignant des sommets, cela se traduit par des marges bénéficiaires record pour les producteurs d'or.
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