La COP15 marquera-t-elle un tournant pour l’investissement dans la nature ?
Avec le sommet des Nations Unies sur la biodiversité, qui se concentre aujourd’hui sur la finance, notre Responsable mondial de l’investissement durable partage son point de vue sur la manière dont les investisseurs doivent aborder le capital naturel et les attentes concernant la COP15.
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Alors que nous arrivons à mi-chemin du sommet sur la biodiversité de la COP15 à Montréal, au Canada, au cours duquel les responsables politiques mondiaux déterminent l’orientation future en matière environnementale, l’accent est mis aujourd’hui sur le rôle de la finance pour un monde respectueux de la nature.
Le capital naturel joue un rôle vital dans notre économie et notre société : plus de la moitié du PIB mondial, soit 44 milliards de dollars, dépend de la nature et de ses services. La préservation et la restauration de la nature peuvent contribuer fortement aux efforts visant à atténuer le changement climatique.
Andy Howard, notre Responsable mondial de l’investissement durable, qui se trouve à Montréal pour le sommet cette semaine, dresse un tableau des défis, des espoirs et des opportunités dans ce domaine.
Quelle est l’approche du capital naturel de Schroders ?
« La réalité est sans appel : le risque naturel est rapidement en train de devenir un facteur à part entière de risque et de rendement d’investissement. C’est la raison pour laquelle nous avons publié fin 2022 notre premier Plan pour la Nature, qui concerne l’ensemble de l’entreprise ; il regroupe nos actions à ce jour et définit une orientation future pour les mesures que nous prenons pour nous attaquer aux causes et aux conséquences de la perte de capital naturel. Un large fossé demeure entre la valeur sociale des services écosystémiques et leur valeur de marché. Nous pensons que cet écart va continuer de se combler, en créant des risques financiers et des opportunités d’investissement. Les entreprises historiques dépendantes d’un capital naturel amoindri vont être soumises à des pressions croissantes. De nouvelles classes d’actifs offrent des opportunités pour capter la demande croissante d’impacts positifs pour la nature (« nature positive »).
« Chez Schroders, nous nous sommes concentrés sur trois domaines dans notre propre approche de la biodiversité et de la nature. Premièrement, comprendre les expositions, les risques et les impacts pour les entreprises et les actifs dans lesquels nous investissons. Deuxièmement, utiliser notre voix et notre influence pour dialoguer avec les équipes de direction, en particulier parmi les entreprises les plus directement exposées, pour les inciter à divulguer davantage d’informations sur les mesures qu’elles prennent et les encourager à davantage d’action. Et troisièmement, développer des solutions d’investissement en capital naturel qui peuvent aider à orienter le capital vers des actifs susceptibles de créer des avantages naturels.
« Cette année, nous avons publié un Programme d’engagement qui couvre nos priorités et nos attentes en matière d’engagement en tant qu’entreprise. Il comporte six domaines d’intérêt clés, parmi lesquels la biodiversité.
« Au cours des trois dernières années, nous avons mené plus de 200 actions d’engagement sur le sujet et travaillons activement à élargir cette sensibilisation. »
« Nous avons investi dans Natcap Research, qui a développé et déploie un cadre mondial destiné à évaluer la biodiversité au niveau des actifs : notre travail conjoint dans ce domaine a été très important.
« Chez Schroders, nous avons également annoncé notre investissement afin de créer un gestionnaire d’actifs axé sur le capital naturel à Singapour, dans le cadre d’une coentreprise avec Conservation International, ainsi que nos projets dans d’autres régions du groupe Schroders pour développer des solutions d’investissement similaires. »
- En savoir plus : Glossaire de A à Z des termes du capital naturel et de la biodiversité pour les investisseurs
- Regarder : Qu’est-ce que le capital naturel ?
Quels sont les défis auxquels le capital naturel est confronté ?
« Sur le premier de ces points - l’analyse - nous avons développé des modèles et des outils pour nous aider à identifier les entreprises et les secteurs où les risques sont les plus importants et où les entreprises sont les moins performantes dans ces domaines. Nous nous appuyons sur un corpus croissant de travaux qui s’est constitué au cours des dernières années, mais qui continue d’évoluer en permanence.
« Il est certain que nous commençons à voir davantage de publications et d’informations sur lesquelles fonder les décisions. Néanmoins, la marge d’amélioration reste encore importante. Les données actuelles sont loin d’être parfaites. Cela ne signifie pas non plus que nous ne devons pas utiliser les informations que nous avons à notre disposition pour réaliser les meilleures évaluations possible, même si nous reconnaissons que la qualité de cette analyse va s’améliorer à l’avenir.
« L’un des principaux objectifs de notre secteur est de connecter le capital aux domaines sociaux et économiques où les besoins sont les plus évidents. La nature est un exemple très clair de la manière dont nous pouvons, grâce à l’innovation et en développant efficacement une nouvelle classe d’actifs, connecter ce capital à ce défi.
« L’accent croissant mis sur la biodiversité va donner lieu à des défis et des opportunités qui vont s’étendre à l’ensemble du secteur. Il ne s’agit pas seulement de nouveaux produits prometteurs, mais également de notre manière de gérer tous nos investissements - l’analyse que nous appliquons, l’influence que nous exerçons et l’innovation que nous pouvons apporter en tant que secteur d’activité.
« Le processus dans lequel nous sommes engagés ne fait que commencer et s’inscrit dans un horizon à long terme. Il apparaît néanmoins essentiel et inévitable. »
Espoirs suscités par la COP15 ?
« Les gros titres sur le greenwashing ont souligné l’importance de la transparence, de l’honnêteté et de la cohérence. C’est pourquoi, par exemple, avant la COP15, nous avons signé la campagne « Make it Mandatory » de Business for Nature, appelant à l’obligation, pour toutes les grandes entreprises et institutions financières, de publier à partir de 2030 leur impact sur la nature et leurs dépendances à son égard.
« À l’heure actuelle, la valeur accordée à la nature et aux services et avantages qu’elle offre est minime par rapport à sa valeur réelle, ce qui crée trop peu d’incitations à agir, par rapport aux mesures qui devraient être mises en place.
« Nous avons passé des années à nous concentrer sur les risques climatiques, et ces risques sont très importants.
« Toutefois ils sont symptomatiques d’un défi plus large qui est souvent négligé : la non-soutenabilité mathématique d’une croissance qui repose depuis des décennies sur la consommation de ressources naturelles limitées.
« Les coûts de cette croissance deviennent plus évidents. Même si nous n’observons encore que les prémices de cette tendance, notre travail est d’avoir une vision prospective.
« Malgré toute la rhétorique, seuls 11 % de la production de carbone des entreprises cotées ont un objectif scientifique validé.
« Aujourd’hui, même si à peine 3 % de la finance climatique mondiale sont consacrés à des solutions climatiques naturelles, ils peuvent fournir 30 % de l’action climatique nécessaire.
« La menace climatique et les opportunités pour les investisseurs sont donc très importantes et très urgentes.
« Le climat est le point de départ à partir duquel on commence à mesurer l’importance de la nature, mais il est loin d’être le seul aspect à prendre en compte. Il est difficile d’estimer la valeur réelle du capital naturel et de la biodiversité. Les preuves soulignent clairement l’importance de la nature pour les économies, les sociétés, les différents secteurs et donc les investissements. »
- Voir notre Plan pour la Nature pour comprendre notre approche intégrale de la gestion des impacts et des expositions liés à la nature, qui s’étend de la recherche, de l’analyse et du dialogue avec les entreprises, au développement de solutions d’investissement fondées sur la nature.
Quelques contenus en lien avec ces sujets
Si vous n’en avez pas pris connaissance, voici un récapitulatif du reste de l’actualité récente et des dernières analyses de Schroders.
SchrodersTV: how on Earth do you invest in nature without greenwashing ? (« Comment investir dans la nature sans faire de « greenwashing »? ») (en anglais uniquement)
« Vous n’avez pas le choix, que vos investissements soient exposés à la nature ou non. » Alors que la nature est détruite et que certaines espèces disparaissent, le monde est lancé dans une course pour trouver des solutions. Cet épisode de Schroders TV examine comment les investisseurs peuvent cerner les contours flous de solutions telles que le captage ou l’évitement du carbone, sans tomber dans le « greenwashing ».
Q&A: what is COP15 and why should investors care? (« Questions-réponses : qu’est-ce que la COP15 et pourquoi les investisseurs doivent-ils s’en préoccuper ? ») (en anglais uniquement)
Le sommet des Nations Unies sur la biodiversité se tient à Montréal, au Canada. Nous expliquons en quoi il est important.
Podcast: will we see a “Paris moment for nature? (« allons-nous observer une dynamique similaire à l’accord de Paris en faveur de la nature ? ») (en anglais uniquement)
Alors que la COP15 commence au Canada, Catherine Macaulay et Niall Smith se joignent au podcast pour expliquer pourquoi cette COP pourrait être un moment charnière pour la nature.
COP15: what are the “five horsemen of the biodiversity apocalypse”? (« COP15 : quels sont les cinq cavaliers de l’apocalypse de la biodiversité ? ») (en anglais uniquement)
La directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement a planté le décor avant le sommet sur la biodiversité au Canada, en affirmant que nous sommes « en guerre contre la nature » et que nous devons « faire la paix ». Les investisseurs doivent surveiller cinq grands domaines d’impact.
Podcast: are we really on a “highway to climate hell”? (« sommes-nous vraiment sur une « autoroute vers l’enfer climatique » ? (en anglais uniquement)
Pouvons-nous trouver la bretelle de sortie de l’« autoroute vers l’enfer climatique » ? Après avoir participé à la COP27, Maria Teresa Zappia, Directrice générale adjointe de BlueOrchard, en analyse certains défis et opportunités. Maria Teresa et Holly Turner, Spécialiste climat de Schroders Capital, rendent leur verdict sur la COP27 dans le dernier épisode de The Investor Download.
Vidéo : how can finance unlock the power of nature? (« comment la finance peut-elle libérer le pouvoir de la nature ? ») (en anglais uniquement)
Peter Harrison, CEO du Groupe Schroders, explique pourquoi l’investissement peut accélérer un avenir positif pour la nature (« nature positive »).
Beyond GDP growth: why natural capital matters (« Au-delà de la croissance du PIB : pourquoi faut-il prendre en compte le capital naturel ») (en anglais uniquement)
Les marchés sous-estiment le rôle fondamental que joue la préservation de la nature dans la course au zéro émission nette, d’après notre économiste spécialiste des questions environnementales, Irene Lauro.
Schroders secures coveted CDP top rating for action and transparency on climate change (« Schroders obtient la meilleure note du CDP pour son action et sa transparence sur le changement climatique ») (en anglais uniquement)
Schroders annonce aujourd’hui avoir obtenu la note A la plus élevée de l’évaluation du changement climatique 2022 du CDP.
Perspectives 2023, Durabilité : cinq tendances à surveiller
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Vidéo : Investing in nature: a Q&A with our Global Head of Sustainable Investment (« Investir dans la nature : Questions-réponses avec notre responsable mondial de l’investissement durable ») (en anglais uniquement)
Andy Howard explique comment la nature et la biodiversité jouent un rôle de plus en plus important dans les décisions d’investissement.
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Bee-ing Green: enhancing local ecosystems with bee hotels (« Abris écologiques : valoriser les écosystèmes locaux avec les hôtels à abeilles ») (en anglais uniquement)
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Conclusion de la COP27 : un accord historique a été conclu, quid de la suite ?
Voici un résumé de ce qui s’est passé à la COP27 en Égypte et de ce qu’il faut attendre de la COP15.
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Questions-réponses : pourquoi et comment lutter contre la déforestation ?
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