Newsletter Green Macro - Février 2025 : guerre tarifaire liée aux véhicules électriques et évolution des politiques de tarification du carbone
Découvrez le briefing trimestriel de Schroders relatif à l’impact économique du changement climatique, à la transition énergétique et au capital naturel.
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Bienvenue dans notre newsletter trimestrielle Green Macro, dans laquelle vous retrouverez les dernières actualités ainsi que des recherches, internes et externes, sur des thèmes liés à l’impact économique du changement climatique, à la transition vers les énergies vertes et au capital naturel.
La newsletter de ce trimestre portera sur les développements récents liés aux politiques de tarification du carbone et aux tarifs des véhicules électriques, ainsi que sur les conséquences potentielles de la décision de l’administration Trump de se retirer à nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.
À la une
Le MACF de l’Union Européenne encourage ses partenaires commerciaux à adopter des politiques de tarification du carbone
Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) de l’UE est un tarif conçu pour lutter contre les « fuites de carbone » dans la production offshore de biens importés, en appliquant un prix du carbone aux biens importés équivalent à celui appliqué aux biens fabriqués dans l’UE. Le MACF commencera à être appliqué en janvier 2026, mais il étend déjà la tarification du carbone à d’autres pays.
Plusieurs pays élaborent leur propre système national de tarification du carbone afin de conserver leurs revenus nationaux en réduisant leur « facture MACF ». En décembre, le Brésil a adopté une loi visant à plafonner les émissions de gaz à effet de serre des entreprises et a mis en place un système national d’échange de crédits carbone. Cette législation a entraîné la création du système brésilien d’échange de quotas d’émission (SBCE) et impose désormais aux entreprises émettant plus de 25 000 tonnes métriques par an d'être soumises au système de plafonnement et d’échange. Selon une étude du groupe de réflexion ICC Brasil, le Brésil a le potentiel de générer jusqu’à 100 milliards de dollars de revenus sur le marché du carbone, d’ici 2030.
Le MACF joue également un rôle clé dans l’adoption de systèmes de tarification du carbone dans certains pays asiatiques, notamment à Singapour, à Taïwan et au Japon. Le ministère japonais de l’Industrie a déclaré que les entreprises qui émettent plus de 100 000 tonnes de dioxyde de carbone par an seront tenues de participer au système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre du gouvernement. Ce dernier devrait entrer en vigueur au cours de l’exercice 2026 et s’appliquer à une fourchette de 300 à 400 entreprises, principalement dans les secteurs de l’acier, de l’électricité, de l’aviation, de la logistique et de l'industrie alimentaire.
Notre point de vue : Selon nous, davantage de systèmes de tarification du carbone seront instaurés à l’échelle mondiale : plusieurs pays développés cherchent déjà à s’inspirer de l’UE et adoptent leur propre taxe carbone aux frontières. Le gouvernement britannique a récemment confirmé la mise en place d'un MACF d’ici 2027 et appliquerait une taxe sur les émissions de carbone incorporées dans les importations en provenance de secteurs clés, notamment l’aluminium, le ciment, les engrais, l’hydrogène, le fer et l’acier. La formation d’un « club du carbone » implique qu’une pression supplémentaire sera exercée sur les principaux pays exportateurs pour qu’ils augmentent leurs systèmes nationaux de tarification du carbone. Les taxes et les systèmes de tarification du carbone fournissent des fonds aux gouvernements tout en encourageant les entreprises à adopter des technologies à faible émission de carbone et à innover vers des méthodes de production plus écologiques. La hausse des prix du carbone est susceptible d’accroître les pressions inflationnistes, en particulier pour les pays fortement dépendants des combustibles fossiles comme source de production d’énergie.
L’UE impose des droits de douane sur les importations chinoises de véhicules électriques (VE)
La Commission européenne a conclu son enquête antisubventions en imposant des droits de douane définitifs sur les importations de véhicules électriques à batterie (BEV) en provenance de la Chine, effectifs pendant cinq ans. Cette enquête a été déclenchée par une augmentation spectaculaire des flux commerciaux. L’UE représente près de 40 % des exportations chinoises de véhicules électriques et la région représente leur première destination. Les exportations chinoises de véhicules électriques vers la région ont augmenté de 37 % en glissement annuel en 2023, pour atteindre 13 milliards de dollars. Les résultats ont révélé que la chaîne de valeur des BEV en Chine est largement soutenue par des subventions publiques, ce qui fausse la concurrence et constitue une menace potentielle pour l’industrie automobile de l’UE. Les droits compensateurs imposés varient selon les marques automobiles, allant de 7,8 % pour Tesla à 35,3 % pour SAIC, ce qui reflète les différents niveaux de subvention applicables à chaque constructeur.
Notre point de vue : En imposant ces droits de douane, la Commission européenne entend établir un environnement concurrentiel équitable pour les constructeurs automobiles chinois et européens. Cependant, selon l'analyse du groupe Rhodium, il est probable que la plupart des producteurs chinois soient capables d’absorber ces coûts pour maintenir leur part de marché. Un certain nombre de modèles de véhicules électriques chinois pourraient continuer à bénéficier d’une forte prime de profit dans l’UE, car des droits de douane significatifs atteignant 55 % sur des marques concurrentes comme BYD seraient nécessaires pour rendre les exportations financièrement peu attrayantes.
Cette décision n’est pas non plus susceptible de soutenir l’industrie automobile européenne. La chaîne d’approvisionnement en batteries de l’Europe est confrontée à des pressions structurelles, telles qu'un manque d’innovation et des coûts énergétiques élevés. Bien que les tarifs protecteurs puissent offrir un répit à court terme, ils ne s’attaquent pas aux causes profondes de l’écart de compétitivité croissant entre l’Europe et la Chine. Bien que des droits de douane de rétorsion puissent en résulter, nous ne prévoyons pas d’escalade significative de la politique commerciale, car l’UE reste un marché essentiel pour les exportations chinoises.
Donald Trump se retire à nouveau de l’Accord de Paris
Dès son premier jour de retour à la présidence, Donald Trump a signé un décret ordonnant le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique : c’est la deuxième fois qu'il prend cette mesure, puisqu'il avait pris la même décision lors de son premier mandat en 2017. Donald Trump a également émis un autre décret ordonnant aux agences fédérales de suspendre le décaissement de certains fonds en vertu de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) et de la loi sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi (IIJA) de 2021. Les agences doivent suspendre les prêts et autres mécanismes financiers, y compris ceux destinés à soutenir l’infrastructure des véhicules électriques, jusqu’à la fin d'un examen de 90 jours qui vise à assurer leur alignement avec la politique énergétique de l’administration.
Notre point de vue : Les politiques de Donald Trump saperont une fois de plus l’engagement des États-Unis dans les efforts climatiques mondiaux et pourraient potentiellement freiner la lutte contre le changement climatique. Cependant, l’abordabilité et l’efficacité des sources d’énergie renouvelables continueront de pousser la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Les forces du marché et les initiatives prises au niveau des États continueront de jouer un rôle essentiel dans le soutien à l’expansion de l’énergie verte. Les énergies éolienne et solaire devraient continuer à augmenter leur capacité de production, car leurs prix sont désormais compétitifs par rapport à ceux des combustibles fossiles.
Les incendies de forêt de Los Angeles s'annoncent comme la catastrophe climatique la plus coûteuse de l’histoire des États-Unis
Les estimations récentes des dommages économiques causés par les incendies de forêt à Los Angeles indiquent qu’ils devraient être la catastrophe climatique la plus coûteuse de l’histoire des États-Unis, avec des coûts dépassant de plus de 50 milliards de dollars ceux infligés par l’ouragan Katrina en 2005.
Notre point de vue : Comme les incendies de forêt à Los Angeles ont principalement touché les zones résidentielles, sans perturber les activités commerciales et l’emploi, l’impact sur le PIB devrait être minime. Cependant, les conséquences pour les ménages ne doivent pas être négligées. La fréquence et l'intensité croissantes des événements météorologiques ont entraîné une augmentation des réclamations d’assurance. Dans plusieurs États, les assureurs ont signalé une diminution de la rentabilité de l’assurance habitation en raison de pertes majeures causées par des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes. En réponse à ces pertes, de nombreux assureurs ont augmenté les primes, ont limité les couvertures, ont abandonné certains clients et ont même décidé de se retirer de certains marchés. Cette tendance a été observée en Californie, où les incendies de forêt sont fréquents, ainsi qu’en Floride et en Louisiane en raison des risques d’inondation. En conséquence, la hausse des taux d’assurance causent des difficultés financières à de nombreux propriétaires. La hausse des coûts du logement devrait réduire les dépenses des ménages tout en exerçant une pression à la baisse sur les prix de l’immobilier dans les marchés particulièrement vulnérables aux événements climatiques.
Le stockage d'énergie par batterie est en pleine expansion
Au cours de la dernière décennie, la capacité installée et mondiale de stockage par batterie a considérablement augmenté, passant d’environ 1 gigawatt (GW) en 2013 à plus de 85 GW en 2023. En 2023 seulement, plus de 40 GW ont été ajoutés, soit plus du double des ajouts observés en 2022.
Ces dernières années, la Chine est devenue le principal marché du stockage par batterie : sa part des ajouts annuels mondiaux est passée d’environ 20 % en 2019 à 55 % en 2023. Les ajouts de capacité ont atteint 23 GW en 2023, soit trois fois plus que les années précédentes. Environ les deux tiers de cette nouvelle capacité provenaient de projets à l’échelle des services publics, principalement en raison des exigences provinciales selon lesquelles les nouveaux projets d’énergie solaire photovoltaïque ou éolienne devaient être associés au stockage de l’énergie.
Les États-Unis sont le deuxième plus grand marché du stockage par batterie, avec des ajouts atteignant plus de 8 GW en 2023. Près de 90 % de la capacité supplémentaire provenait de projets à grande échelle, avec des États comme la Californie et le Texas qui menaient des efforts de déploiement. Cette croissance a été principalement soutenue par le crédit d’impôt à l’investissement, instauré en vertu de la loi sur la réduction de l’inflation.
Notre point de vue : Les batteries sont aujourd’hui un élément clé du système énergétique mondial et sont sur le point de jouer un rôle essentiel dans la facilitation de transitions énergétiques sûres et durables. Dans le secteur de l’électricité, le stockage d'énergie renforce la sécurité énergétique en améliorant la stabilité du réseau, en répondant aux pics de demande et en permettant une meilleure intégration des parts croissantes de sources d’énergie renouvelables variables, tout en réduisant la demande de combustibles fossiles dans plusieurs secteurs. Selon l’AIE, entre 2010 et 2023, leurs coûts moyens ont diminué de 90 % : il sont donc devenus très compétitifs en tant que source de flexibilité dans le secteur de l’électricité. L'augmentation de la capacité de production contribue à cette baisse des prix, ce qui soutient davantage l’objectif de tripler la capacité installée d’énergies renouvelables à l’échelle mondiale.
Nos publications sur la durabilité économique
Performance à long terme des classes d’actifs : prévisions de rendement sur 30 ans (2025-54) (disponible uniquement en anglais)
- Cette année, nous prévoyons des rendements plus élevés dans diverses classes d’actifs, tant en termes réels que nominaux, en particulier sur les marchés obligataires. À l’échelle mondiale, nos prévisions de rendement des actions ont été revues à la hausse en raison de l'augmentation des rendements attendus sur les marchés développés, en particulier aux États-Unis.
- Notre hypothèse principale envisage une transition retardée, caractérisée par une transition désordonnée vers la neutralité carbone et une augmentation de la tarification du carbone qui ne commence qu’à partir de 2030.
- Nous constatons que la plupart des pays connaissent une productivité plus élevée dans notre hypothèse principale, car ils bénéficient de la transition vers une économie plus propre et évitent ainsi les impacts de la hausse des températures.
Recherche externe sur la durabilité économique
Comment l’industrie allemande peut-elle survivre au deuxième choc chinois ?, Centre for European Reform (disponible uniquement en anglais)
- Une analyse récente montre que, si l’UE est à la traîne dans les domaines des panneaux solaires et des batteries de véhicules électriques, le bloc, dirigé par l’Allemagne, conserve une base de production solide et un avantage concurrentiel dans un éventail plus large de technologies relatives à l’énergie propre. Le FMI a établi une liste de plus de 200 produits de « technologie à faible émission de carbone » (LCT) : ce sont des technologies qui produisent moins d’émissions de gaz à effet de serre au cours de leur durée de vie que les options traditionnelles. Cette liste comprend des éléments tels que les véhicules électriques, les pompes à chaleur, les électrolyseurs, diverses turbines, les centrifugeuses nucléaires et des technologies plus courantes comme l’isolation et les thermostats.
- Soutenue par une politique industrielle forte, la Chine a gagné une part dominante du marché mondial des technologies propres. Cette politique a rendu plus difficile la compétitivité en Chine pour les exportations d’autres pays, tandis que de nombreuses entreprises chinoises performantes cherchent à explorer de nouveaux marchés à l’étranger, pour éviter la concurrence nationale féroce. Cette tendance est particulièrement manifeste dans les secteurs des véhicules électriques et des panneaux solaires, où la surcapacité de la Chine a exercé une forte pression à la baisse sur les prix et les marges bénéficiaires, en particulier pour les producteurs allemands.
- Aujourd’hui, la politique industrielle chinoise s’étend au-delà de la chaîne de valeur des véhicules électriques et de l’énergie solaire, car le pays semble maintenant réduire ses importations de toutes les technologies à faible émission de carbone. Ce changement représente une menace évidente pour la base industrielle européenne.
- L’UE ne dispose actuellement pas d’un financement commun suffisant pour mettre en place une politique industrielle ambitieuse. Néanmoins, elle pourrait renforcer la réglementation du marché unique pour assurer un alignement entre les pays membres concernant les subventions nationales, et potentiellement associer ces subventions à des normes environnementales et de travail que la Chine ne respecte pas.
À suivre
Le Clean Industrial Deal de l’UE
• La Commission européenne devrait présenter le Clean Industrial Deal à la fin du mois de février. Ce programme à long terme vise à stimuler la compétitivité de l’UE en soutenant l’émergence de la fabrication de technologies propres, conformément à ses objectifs de décarbonation.
• De plus, la prochaine stratégie de décarbonation industrielle devrait s'articuler autour de six piliers clés : la sécurité énergétique et les prix de l’énergie, le financement, le recyclage et les matières premières essentielles, la main-d’œuvre et les compétences, les marchés pilotes et l’action mondiale.
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