Quel rôle les énergies renouvelables peuvent-elles jouer dans le renforcement de la sécurité énergétique de l’Europe ?

L’hiver menace de provoquer la première grave crise énergétique en Europe depuis des décennies. Alors que les dirigeants sont à la recherche de solutions potentielles, les capacités d’énergies renouvelables sont sous le feu des projecteurs.

07/11/2022
Editorial

Authors

Richard Nourse
Partner, Schroders Greencoat
Karin Kaiser
Head of Private Markets Europe

Alors que les températures baissent et que les livraisons de gaz russe à l’Europe sont désormais quasi nulles, la sécurité énergétique est passée d’un concept politique théorique à un enjeu qui a une réelle incidence sur les approvisionnements dans l’ensemble du continent. Suite aux explosions qui ont frappé les gazoducs Nordstream, il est plus évident que jamais qu’un retour à la normale est exclu. Cela renforce l’attention accordée aux sources d’énergie alternatives, y compris aux énergies renouvelables.

Le rôle des énergies renouvelables dans le mix énergétique à long terme est indéniable, soutenu par des fondamentaux et des cadres politiques solides. Toutefois, la mesure dans laquelle les énergies renouvelables peuvent répondre à la demande immédiate varie considérablement d’un pays à l’autre.

Pays européens les plus vulnérables à la crise énergétique

Les capacités de stockage de gaz sont remplies à environ 87 % (selon Reuters, au 24 août), juste en dessous des 90 % requis par la plupart des pays pour traverser l’hiver. Des efforts considérables ont été déployés pour sécuriser des sources alternatives du côté de l’offre. Du côté de la demande, le bloc a convenu d’un objectif délibéré de réduction de 15 % de la consommation de gaz, dont les conséquences varient là encore selon les pays.

 

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Allemagne

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Allemagne était le premier importateur de gaz russe en Europe et est actuellement le pays le plus vulnérable. La plus grande économie européenne traite la pénurie d’énergie comme une crise vouée selon elle à s’aggraver. L’Allemagne est parvenue à diversifier ses fournisseurs de gaz, avec notamment de nouveaux contrats négociés avec le Canada et les Émirats arabes unis. Dans le même temps, elle a également décidé de prolonger la durée de vie de deux de ses trois centrales nucléaires restantes jusqu’après l’hiver, un revirement important pour un ministre allemand de l’Économie membre des Verts.

Les consommateurs et les collectivités locales sont incités à réduire leur consommation d’ores et déjà par le biais d’un ensemble de mesures. Les industries allemandes à forte intensité énergétique, y compris les fabricants de produits chimiques et de céramique, évaluent et communiquent l’ampleur de leur dépendance vis-à-vis du gaz russe. Le pays craint une vague d’insolvabilités provoquées par les prix élevés du gaz, des boulangeries au secteur de la chimie et à d’autres industries gourmandes en énergie.

France

La France est considérée comme le champion du nucléaire européen, avec 56 réacteurs qui contribuent à près de la moitié de l’approvisionnement énergétique du pays. Elle est donc peu dépendante du gaz. Toutefois, près de la moitié des centrales nucléaires du pays demeurent à l’arrêt pour cause de réparations. La France est soudainement devenue un importateur net d’électricité, ayant historiquement été fournisseur de ses pays voisins.

La majeure partie de la capacité nucléaire devrait revenir en ligne vers la fin de l’année, mais tout retard dans le calendrier des réparations pourrait exposer le pays à un risque sérieux de coupures de courant. Des mesures de réduction de la demande seront essentielles pour maintenir la stabilité du réseau dans tous les scénarios.

Italie et Espagne

Après l’Allemagne, l’Italie est le deuxième importateur européen de gaz russe. L’Italie s’est rapidement mobilisée pour obtenir d’autres sources de gaz, y compris via un contrat avec l’Algérie par exemple. Toutefois, l’Italie pourrait également être affectée par la situation du parc nucléaire en France, auprès de laquelle elle importe historiquement de l’électricité. L’Italie et l’Espagne peuvent avoir davantage recours au gaz naturel liquéfié (GNL), compte tenu des infrastructures existantes d’importation de GNL. Selon Clean Energy Wire, « l’Allemagne ne dispose pas de terminaux de regazéification de GNL et les importations arrivent via les terminaux de pays voisins, en particulier la Belgique et les Pays-Bas. »

L’Espagne a également mis en place une série de mesures d’économie d’énergie, telles que des restrictions à l’utilisation des climatiseurs par exemple, que d’autres pays ont depuis eux-mêmes mis en œuvre.

Les énergies renouvelables au centre de l’attention : la transition énergétique devient un plus grand impératif politique

La guerre entre la Russie et l’Ukraine donne une nouvelle vigueur à la transition énergétique. La volonté politique se renforce à mesure que les programmes de sécurité énergétique s’alignent sur l’objectif zéro émission nette. C’est l’ambition centrale du plan REPowerEU, annoncé en mai 2022, avec pour double objectif de mettre fin à la « dépendance de l’UE vis-à-vis des combustibles fossiles russes » et de faire face à la crise climatique.

Au niveau national, le besoin d’autosuffisance en rapport avec l’approvisionnement énergétique s’accroît. L’expérience récente des gouvernements face à la crise de la Covid constitue un point de référence : la plupart des grands pays ont développé des capacités de fabrication de vaccins dans le sillage de la pandémie. Nous anticipons un effet similaire dans le cas des énergies renouvelables. C’est-à-dire qu’en étant sous contrôle national – ainsi que bon marché et à faible intensité de carbone – elles présentent un attrait politique important.

La trajectoire à plus long terme de la croissance des énergies renouvelables est claire

Même sans l’impulsion donnée par le conflit russo-ukrainien, un important développement des énergies renouvelables est prévu en Europe dans les années 2020.

L’Agence internationale de l’énergie estime que l’an dernier, une capacité record de 290 gigawatts d’énergie renouvelable a été ajoutée à l’échelle mondiale. Si cette tendance persiste, les énergies renouvelables pourraient dépasser les combustibles fossiles et le nucléaire combinés d’ici 2026.

L’Europe est déjà une région mondiale de premier plan en termes d’investissement dans les énergies renouvelables et a également bénéficié d’une forte augmentation des capacités d’énergies renouvelables en 2021. Les ajouts annuels ont augmenté de près de 30 %. Malgré sa solide position de départ, le nouvel enjeu de la sécurité énergétique ainsi que l’atteinte des objectifs zéro émission nette de l’Europe d’ici 2050 nécessiteront des centaines de milliards de capitaux supplémentaires. Aurora Energy estime les besoins en dépenses d’investissement à plus de 1 500 milliards d’euros à l’horizon 2050, avec un déploiement accéléré dans les années 2020. D’ici 2050, les énergies renouvelables devraient constituer un élément clé de la sécurité énergétique dans toutes les grands pays européens, contribuant globalement à hauteur de 80 % au mix énergétique de la région, qui fera face à une demande d’électricité supérieure de plus de 1,5 fois à la demande de base actuelle.

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Mix à court terme : les énergies fossiles continuent de jouer un rôle

La prise en compte à court terme des sources de combustible telles que le charbon et le pétrole est pratique et nécessaire à la protection des modes de vie et des moyens de subsistance. Nous ne voyons pas de moyen de se passer des combustibles fossiles en attendant la mise en place des capacités dans le secteur des énergies renouvelables, et le déploiement d’investissements dans des solutions de stockage et la stabilité du réseau. L’Europe doit agir rapidement durant cette période de transition, et si le déploiement des capacités renouvelables se trouve accéléré par la crise de la sécurité énergétique, il reste confronté à des obstacles.

L’obtention d’un permis pour un projet éolien en Europe peut prendre jusqu’à neuf ans. Dans le cas des systèmes solaires, ce délai peut être de quatre à cinq ans. Bien que les gouvernements se soient engagés à accélérer ces processus, des actions concrètes sont nécessaires au niveau local.

Nous pensons que les installations nucléaires, fonctionnant en toute sécurité, sont également des options énergétiques pragmatiques d’un point de vue climatique. Seuls deux pays européens disposent de capacités importantes : la France, avec une soixantaine de réacteurs mais confrontée aux problèmes évoqués ci-dessus, et le Royaume-Uni, avec cinq centrales. Pour ce qui est de la sécurité énergétique à court terme, le nucléaire n’est pas réellement la solution : les projets prendraient environ cinq ans pour l’obtention des autorisations nécessaires et cinq à dix ans supplémentaires pour leur construction.

Attrait croissant pour les investisseurs : les énergies renouvelables offrent un rendement sûr dans un monde instable

Malgré la pandémie et l’incertitude économique accrue désormais, le rythme des investissements privés dans les énergies renouvelables ne montre aucun signe de ralentissement.

En 2021, les investissements mondiaux dans la transition énergétique ont atteint 755 milliards de dollars, selon BloombergNEF, soit une hausse annuelle massive de 27 % et plus de 200 milliards de dollars de plus par rapport aux niveaux atteints en 2019.

L’investissement dans le secteur des énergies renouvelables s’est historiquement concentré sur les gains en capital. Toutefois, nous décelons l’opportunité pour le capital de bénéficier d’une autre forme de rendement, ce qui pourrait contribuer à la croissance à grande échelle de ce secteur. Les principales caractéristiques de cette classe d’actifs résident dans son faible risque technologique, ses ressources prévisibles et, si bien gérées, la prévisibilité et la sécurité des flux de trésorerie. Les investisseurs manifestent un intérêt accru pour la stabilité des rendements face à la convergence des menaces que sont la guerre, la fragilité économique et la hausse de l’inflation.

Cette approche de long terme était relativement unique lorsque nous avons commencé à investir, et notre clientèle s’y est ralliée. Nous décelons une opportunité dans l’ensemble de l’Europe d’élargir l’accès à cette forme de rendement aux clients qui cherchent à allouer des capitaux au secteur. La régularité des rendements est peut-être « rasante », mais nous assumons pleinement notre choix de nous appliquer à viser cet objectif de façon avantageuse pour nos clients.

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