Taux d’intérêt, inflation et élections : qu’en pensent les investisseurs ?
Notre enquête mondiale sur les perspectives des investisseurs révèle les enjeux politiques et économiques qui préoccupent les investisseurs du monde entier.
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2024 a été une année de changements pour le paysage politique et économique mondial, du fait d’un nombre record d’élections et des banques centrales qui se sont tournées vers des baisses de taux d’intérêt.
De ces deux aspects, la politique des banques centrales est celle qui est la plus susceptible d’influencer la performance des portefeuilles au cours des 12 prochains mois. C’est ce qu’affirment les personnes interrogées dans le cadre de l'Enquête mondiale sur les perspectives des investisseurs de Schroders, qui analyse les perspectives d’investissement de 2 830 professionnels de la finance mondiale représentant des fonds de pension, des compagnies d’assurance, des family offices, des fonds de dotation et des fondations, des intermédiaires et des gestionnaires de patrimoine.
Si la politique des banques centrales est apparue comme le principal facteur susceptible d’influencer la performance des portefeuilles, elle a été suivie de près par les taux d’intérêt élevés et le risque de ralentissement économique. Ces réponses sont interdépendantes et mettent en avant les inquiétudes des investisseurs au sujet des taux d’intérêt élevés qui pourraient avoir un impact négatif sur l’économie mondiale. Les investisseurs pourraient également craindre que les banques centrales n’aient réduit les taux trop tard pour éviter un ralentissement plus prononcé.
Au cours d’une année qui a commencé alors que les marchés s’attendaient à cinq, voire six baisses de taux de la Réserve fédérale, il ne semble pas si surprenant que la politique des banques centrales, ainsi que les taux d’intérêt élevés, soit une préoccupation majeure pour de nombreux investisseurs. Les attentes d’une réduction significative des taux américains ont rapidement été revues à la baisse car l’inflation s’est avérée persistante. Au moment de la réalisation de notre enquête (juin-juillet 2024), aucune réponse n’avait été donnée, bien qu’il y ait eu une réduction de 50 points de base en septembre.
La politique des banques centrales figure en tête de liste des facteurs les plus susceptibles d’influencer la performance des portefeuilles
George Brown, économiste senior spécialiste des États-Unis, a déclaré : « Ces derniers mois, la combinaison d’une faible inflation et des inquiétudes concernant la croissance a conduit à de nouvelles attentes de baisses de taux importantes aux États-Unis. En effet, la plupart des grandes banques centrales adoptent une politique d’assouplissement pour réduire le poids des taux d’intérêt élevés sur la croissance, ce qui devrait fournir une toile de fond favorable aux actifs risqués tels que les actions. »
« Cependant, le risque autour de la politique des banques centrales ne se limite pas au maintien de taux trop élevés. Une réduction trop rapide a ses propres risques, d’autant plus que nous continuons à anticiper que l’économie américaine évitera la récession et réalisera un atterrissage en douceur. Des baisses de taux agressives à ce stade du cycle économique pourraient alimenter les pressions inflationnistes. Il est clair que c’est aussi une préoccupation pour les investisseurs, étant donné que plus de 60 % des personnes sondées pour notre enquête ont souligné que le risque d’inflation avait une influence sur les portefeuilles. »
Bien que toutes les classes d’actifs soient affectées, dans une certaine mesure, par les changements de politique monétaire, les actifs obligataires ont été les plus touchés par la forte hausse des taux d’intérêt, proches de zéro pendant des années. À mesure que les taux augmentent, les prix des obligations diminuent généralement. Il n’est donc pas surprenant que les risques macroéconomiques et les politiques des banques centrales soient au cœur des préoccupations des investisseurs obligataires en particulier, comme le montre le graphique ci-dessous.
Selon vous, quelles sont les plus grandes menaces pour les investissements obligataires au cours des deux prochaines années ?
Les élections peuvent faire du bruit, mais la politique a plus d’importance à long terme
Les risques politiques figurent également en bonne place sur la liste des préoccupations des investisseurs obligataires. Cependant, ces inquiétudes ne sont pas forcément liées directement au calendrier électoral chargé de cette année. En réalité, l’enquête révèle que les investisseurs sont assez optimistes quant à la multitude d’élections de cette année et à leur impact sur leur risque/positionnement d’investissement.
Plus de 40 pays, représentant les trois quarts de l’univers mondial des investissements, ont organisé ou doivent organiser des élections nationales. Cependant, seule une minorité des personnes interrogées ont adopté des profils plus défensifs ou exempts de risque en raison de l’incertitude accrue apportée par les élections. Une grande proportion (41 %) estime que les élections ne sont qu’une agitation à court terme qui n’aura pas d’impact sur leur stratégie d’investissement à long terme.
Johanna Kyrklund, co-responsable des investissements et CIO du groupe, a déclaré : « L’élection la plus importante est encore devant nous puisque les Américains se rendent aux urnes le mois prochain. Cependant, il est essentiel de se rappeler que les impacts de la politique s’inscrivent davantage dans un temps long, qui se compte en mois et en années, plutôt qu’en jours. »
« Les résultats de cette enquête montrent également clairement les tensions auxquelles sont confrontés les banques centrales et les décideurs, car presque autant de clients sont préoccupés aussi bien par le risque d’inflation que par les taux d’intérêt élevés. »
Pensez-vous que les élections qui se dérouleront à l’échelle mondiale cette année auront un impact sur votre intérêt et votre positionnement pour le risque d’investissement ?
Comme nous pouvons le voir sur le graphique ci-dessus, il y a des différences régionales notables à ce sujet. Les personnes interrogées en Amérique du Nord sont les plus susceptibles de ne pas modifier leur stratégie d’investissement, tandis que ceux d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud sont les plus susceptibles d’adopter un profil d’investissement défensif ou sans risque en raison de l’incertitude électorale.
Adam Farstrup, responsable de la gestion multi-actifs en Amérique, a déclaré : « Les données montrent qu’une faible majorité de personnes sondées en Amérique du Nord ne sont pas influencées par le risque politique et les répercussions électorales sur leur politique à long terme. Cependant, 47 % des personnes interrogées modifient tout de même leur profil de risque en raison, du moins en partie, des préoccupations liées aux élections et à la politique. Cela peut refléter le niveau de changement perçu en politique du fait des prochaines élections. »
Les changements apportés aux alliances commerciales sont un sujet de préoccupation
En ce qui concerne l’élaboration des politiques nationales, les investisseurs ont souligné que ce sont les alliances politiques et commerciales qui auront le plus d’effet sur les investissements au cours des cinq prochaines années. Cela suggère que si le cycle électoral lui-même n’est pas considéré comme un risque majeur, toute reconfiguration potentielle des alliances internationales sera examinée de près. Il convient de noter que les personnes interrogées de la zone Asie Pacifique (APAC), de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud sont celles qui expriment le plus d’inquiétudes concernant la politique et le commerce.
Selon vous, quels sont les domaines de l’élaboration des politiques nationales qui auront le plus d’effet sur l’investissement au cours des cinq prochaines années ?
David Rees, économiste senior et spécialiste des marchés émergents, a déclaré : « Les inquiétudes suscitées par la politique commerciale des États-Unis sont susceptibles d’entraîner de la volatilité dans les marchés émergents. Le peso mexicain était très volatil avant la victoire électorale de Trump en 2016. L’imposition des droits de douane de Trump a également entraîné une sous-performance des marchés chinois en 2018-2019. »
« Mais il est important de ne pas surestimer les risques. Alors que les droits de douane ont fait baisser la part directe des exportations de la Chine vers les États-Unis, sa part dans les exportations mondiales est restée élevée, étant donné que les marchandises ont été réacheminées par des tiers. Une politique plus belliciste à l’égard du Mexique, combinée à des mesures anti-immigration, est clairement possible. Cependant, l’accord commercial États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) a déjà été renégocié au cours du premier mandat de Trump et ne devrait pas être réexaminé avant 2026. »
Les emprunts publics sont également apparus comme un facteur susceptible d’influer sur l’investissement et les personnes sondées nord-américaines sont les plus susceptibles de le souligner. Adam Farstrup a déclaré : « Alors que la dette publique américaine atteint des niveaux inquiétants, les investisseurs voient peu d’engagement de la part des principaux partis politiques pour s’attaquer structurellement aux déficits et à la dette. »
La nécessité d’augmenter les dépenses militaires face aux conflits mondiaux en cours peut être l’une des raisons pour lesquelles les emprunts publics sont sous les feux de la rampe. Cela peut également s’expliquer par l’évolution démographique et les exigences en matière de soins de santé d’une population vieillissante.
Johanna Kyrklund a déclaré : « Le niveau élevé de la dette publique est une préoccupation majeure dans de nombreuses grandes économies. Si les bilans du secteur privé ont généralement bien résisté à la période Covid, les bilans publics restent précaires. L’un des principaux risques à prendre en compte est de savoir si les événements géopolitiques et l’accumulation croissante de dettes déstabiliseront considérablement ou non les marchés obligataires. Les principaux éléments à surveiller sont la crédibilité des institutions et les entités qui détiennent votre dette. »
« En fin de compte, le principal moyen pour les investisseurs de se protéger contre ces risques est de se diversifier : par région, par classe d’actifs et en considérant les marchés privés et publics. »
- Cliquez ici pour consulter le rapport complet : Enquête mondiale sur les perspectives des investisseurs
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